Dans la tourmente postélectorale au Cameroun, une révélation de Jeune Afrique éclaire les coulisses d’une tentative d’apaisement entre Paul Biya et son principal rival Issa Tchiroma Bakary. Le président sortant aurait proposé à ce dernier le poste de Premier ministre en échange de la reconnaissance de sa victoire, officiellement établie à 53,66 % des voix. Cette offre, transmise par des émissaires à Garoua, visait à freiner la contestation électorale. En contrepartie, une réforme du code électoral devait être engagée avant les législatives de 2026.
Mais Issa Tchiroma Bakary a catégoriquement refusé la proposition. Selon un proche, l’ancien ministre de la Communication a considéré cette offre comme une manœuvre de « neutralisation politique ». Confiant dans sa victoire qu’il estime à 62 % des suffrages, le candidat de l’opposition réclame « la reconnaissance de la vérité des urnes ». Ce refus ferme, malgré les appels de diplomates étrangers favorables à une sortie de crise, souligne la détermination du leader à ne pas céder face au pouvoir en place.
En réaction, le camp Tchiroma a entamé la publication de procès-verbaux et de compilations de résultats censés prouver sa victoire. Parallèlement, ses partisans préparent une série d’actions pour « défendre la victoire populaire » après la décision du Conseil constitutionnel, attendue le 26 octobre. Des manifestations de grande ampleur pourraient éclater malgré l’interdiction de rassemblements publics, tandis que des recours judiciaires sont envisagés.
Ce refus d’alliance avec le régime Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans, place le Cameroun face à un risque accru d’instabilité. En misant sur la confrontation plutôt que sur la conciliation, Issa Tchiroma Bakary prend le pari d’un bras de fer politique dont l’issue reste incertaine. Pour certains internautes, la tentative d’ouverture du président de 92 ans révèle surtout la crainte d’une contestation nationale difficile à contenir.
Jeremy Ahossou