Les résultats provisoires de la présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025 placent le président sortant Paul Biya en tête avec 53,66 % des suffrages, selon la Commission nationale de recensement des votes. Ce rapport, signé le 20 octobre et transmis au Conseil constitutionnel, confirme la victoire du candidat du RDPC devant Issa Tchiroma Bakary du FSNC, qui aurait obtenu 35,19 % des voix. Derrière eux, Cabral Libii et Bello Bouba Maïgari ferment le classement avec respectivement 3,41 % et 2,45 %.
Mais cette annonce a provoqué un tollé au sein de l’opposition. Issa Tchiroma Bakary rejette fermement les chiffres officiels et affirme être le véritable vainqueur avec « près de 60 % des voix ». Son équipe a publié sur les réseaux sociaux plusieurs procès-verbaux issus de 18 départements stratégiques représentant 80 % de l’électorat. Selon ses représentants, des taux de participation anormalement élevés, parfois supérieurs à 90 % dans les zones de conflit, seraient la preuve d’un « bourrage des urnes massif ».
La tension est rapidement montée. Des observateurs indépendants ont eux aussi relevé des irrégularités, notamment dans les procès-verbaux de la diaspora et du département du Logone-et-Chari. Un recomptage partiel aurait été lancé dans certaines zones à la demande des représentants du FSNC. « Nous avons quitté la salle pour protester contre ce simulacre. Le peuple n’est pas dupe », a déclaré Parfait Mbvoum, un proche du candidat contestataire.
Dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala, les débats s’enflamment autour de la légitimité des chiffres annoncés. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #Tchiroma2025 et #RésultatsCameroun sont devenus viraux, opposant partisans du pouvoir et soutiens de l’opposition. Les autorités, de leur côté, appellent à la retenue, rappelant que seul le Conseil constitutionnel a le dernier mot dans la validation des résultats.
Le pays retient désormais son souffle à la veille de l’audience de contentieux électoral prévue pour le 22 octobre. Le verdict attendu du Conseil constitutionnel devrait départager les deux camps et déterminer non seulement le vainqueur officiel, mais aussi la capacité des institutions à préserver la confiance des citoyens.
Jeremy Ahossou