Au Bénin, la Commission électorale nationale autonome (CENA) a clos, le mardi 14 octobre 2025, la période de dépôt des candidatures pour la présidentielle d’avril 2026. Alors que la plupart des formations politiques ont finalisé leurs dossiers, le parti Les Démocrates (LD) peine à boucler la liste de ses parrainages. L’un de ses députés, Michel François Oloutoyé Sodjinou, élu dans la 19e circonscription électorale, a refusé de remettre son parrainage.

Dans une déclaration publique de 4 pages, le député Sodjinou explique sa décision par « un devoir envers l’histoire du parti et du peuple béninois ». Il dénonce notamment un manque de démocratie interne et une centralisation excessive du pouvoir depuis le congrès de 2023. « Lorsque nous avons fondé Les Démocrates, c’était pour offrir au peuple une alternative politique libre et juste. Mais cet idéal a été asphyxié par un leadership d’un autre âge », a-t-il regretté.

Le parlementaire évoque une série de « dérives » observées ces dernières années, notamment lors de la désignation des candidats à la présidentielle. Selon lui, les décisions sont prises dans des cercles restreints où « la collégialité a été remplacée par le pouvoir personnel ». Il accuse le président Boni Yayi d’imposer ses choix et de reproduire « les mêmes erreurs que sous le régime FCBE », rappelant les candidatures controversées de Lionel Zinsou en 2016 et de Reckya Madougou en 2021, toutes deux décidées « sans concertation ».

Sodjinou critique également le processus de parrainage pour la présidentielle de 2026. « Sous prétexte d’unité, on a exigé des députés qu’ils signent à blanc leurs fiches de parrainage sans connaître le nom du candidat », déplore-t-il, dénonçant un climat d’intimidation et de division au sein du parti. Il fustige par ailleurs les tensions régionales internes et l’idée selon laquelle « le candidat devrait provenir du Nord », qu’il qualifie de « débat dégoûtant et abject ».

Malgré la gravité de ses accusations, le député se veut constructif et appelle à un sursaut collectif : « Ce n’est pas un geste de rupture, mais un acte de fidélité à nos valeurs et à notre histoire commune. Je crois encore profondément que notre parti peut se relever, à condition d’écouter la base et de reconnaître nos erreurs. » Il exhorte ses camarades à « reconstruire Les Démocrates sur des fondations solides : la confiance, le respect et le courage politique ».

Michel François Oloutoyé Sodjinou conclut son adresse sur une note d’espoir. Se présentant comme un « militant de la démocratie et du dialogue », il assure qu’il ne sera jamais complice « de décisions imposées ou de manipulations qui déshonorent notre combat ». Pour lui, le salut du parti passera par la vérité et la fidélité à l’idéal démocratique qui a présidé à sa création.
 

Jeremy Ahossou