Le dimanche dernier, au cours du panel sur des « Partenariats entre pays africains et autonomie stratégique en matière de sécurité » à l’occasion de la deuxième édition du « Lomé Peace and Security Forum », le ministre des affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop a laissé entendre que le père de l’indépendance du Mali, Modibo Keita « n'a pas été préparé à diriger un pays ». Devant le tôlé provoqué par ses propos, le ministre Diop a été obligé de faire un rétropédalage, hier.
La deuxième édition du « Lomé Peace and Security Forum », s’est tenu du 11 au 12 octobre 2025 à Lomé sur le thème : « L’Afrique face aux défis sécuritaire complexes : comment renforcer et rendre durables la paix et la stabilité dans un monde en mutation ».
Intervenant au deuxième jour du Forum au cours du panel sur des « Partenariats entre pays africains et autonomie stratégique en matière de sécurité » qu’il co-animait, le ministre malien des Affaires étrangères a mis en doute les qualités du premier président du Mali, indépendant. « Quand nous regardions notre ancien président Modibo Keïta, quand il est arrivé au pouvoir, à l'indépendance, il avait à peine 33 ans. Et la plupart des dirigeants des indépendances étaient dans la trentaine ou moins. Et nous les qualités que nous avons aujourd'hui, il n'avait pas », a-t-il déclaré, rappelant que Modibo Keïta était un instituteur, « il n'a pas été préparé à diriger un pays. Nous, nous avons ces expériences aujourd'hui. Ce qui est important pour nous aussi, c'est de comprendre que la jeunesse n'est pas pour demain, c'est des leaders d'aujourd'hui et non des leaders de demain », a souligné Abdoulaye Diop.
Cette maladresse du ministre du Diop à l’égard du père du Mali a provoqué un tôlé sur les réseaux sociaux où les réactions n’ont pas tardé.
« Quand tu dis que Modibo Keïta n’était pas préparé à diriger, personne ne peut l’accepter….Ses choix de partenaires comme ses ruptures furent pleinement assumés. Sous son impulsion naquirent des usines, un système éducatif cohérent et une vision de société en parfaite harmonie avec l’idéal d’un État souverain et juste », a rappelé un internaute malien sur Meta.
« Évitons de jeter l'opprobre sur le passé. L'œuvre de chacun sera un jour conjuguée au passé », a conseillé un autre internaute sur le même réseau social.
« Le peuple qui ne respecte pas son histoire n'a point de boussole pour prospérer », écrit un internaute au Mali.
Devant l’indignation provoquée par ses propos, le ministre des Affaires étrangères du Mali a fait son mea-culpa. «Je tiens à rappeler mon profond respect pour le président Modibo Keïta, figure emblématique de notre indépendance et modèle d’intégrité, d’engagement patriotique et de clairvoyance », a reconnu le ministre Diop avant d’affirmer : « Mon intention n’était nullement de diminuer son héritage, mais magnifier le modèle de réussite qu’il est lors d’échanges sur les défis contemporains du leadership africain. Le Président Modibo Keïta a su, dans des circonstances historiques exceptionnelles et dans un contexte géopolitique post colonial complexe, se hisser de manière remarquable à la tête de notre jeune nation et porter le flambeau national avec courage et dignité dans le concert des nations. Le Président Modibo Keïta demeure pour moi une source d’inspiration constante dans la défense de la souveraineté et de la dignité du Mali».
Cet épisode montre que l’ancien président Modibo Keita demeure un personnage important de l’histoire du Mali et que des critiques surtout infondées contre lui peuvent se retourner rapidement contre leurs auteurs.
Amadou Traoré