Une situation tendue s’est installée ce samedi 11 octobre 2025 à Antananarivo, où une partie de l’armée malgache, appartenant au Corps d’administration des personnes et des services de l’armée de terre (CAPSAT), s’est soulevée contre le pouvoir. Les mutins ont pris position sur la place du 13-Mai, lieu symbolique de la contestation politique malgache, acclamés par une foule nombreuse. Selon plusieurs témoins, des échanges de tirs ont eu lieu, mais la résistance des forces loyalistes semble avoir été limitée.
À l’origine, la mutinerie fait écho à des semaines de manifestations violemment réprimées, marquées par plus d’une vingtaine de morts selon l’ONU. Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, le CAPSAT a dénoncé les dérives du pouvoir et appelé les forces de l’ordre à refuser d’exécuter des ordres jugés illégaux. Ce mouvement intervient dans un contexte de forte tension sociale, alimentée par les revendications d’un collectif de jeunes, Madagascar Gen Z, réclamant de meilleures conditions de vie et la fin de la corruption.
Le président Andry Rajoelina, mis en difficulté par cette crise, aurait quitté la capitale selon certaines sources. En réaction, le ministère des Forces armées a appelé à l’unité et à la loyauté, tandis que des régiments fidèles au chef de l’État se préparaient à affronter les mutins. Malgré un récent remaniement gouvernemental et la nomination d’un Premier ministre militaire, les appels à la démission du président se sont intensifiés.
Face à l’escalade, les inquiétudes grandissent sur la stabilité du pays. Le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a exhorté les autorités à renoncer à la violence et à privilégier le dialogue. Dans les rues d’Antananarivo d'après nos informations, la colère populaire et les divisions au sein de l’armée laissent planer le spectre d’une nouvelle crise politique majeure pour Madagascar.
Jeremy Ahossou