Les relations entre Ouagadougou et Washington connaissent un nouvel épisode de tension. Depuis le début du mois d’octobre, les ressortissants burkinabè souhaitant obtenir un visa américain doivent désormais se rendre à Lomé, au Togo. Une décision unilatérale du gouvernement américain qui, selon ses services diplomatiques, répond à des « manquements répétés » dans l’usage des visas touristiques et étudiants. Pour les autorités burkinabè, il s’agit surtout d’un signe clair de refroidissement diplomatique entre les deux pays.

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Traoré, a confirmé avoir reçu « avec surprise » une note de l’ambassade américaine officialisant la suspension des services consulaires à Ouagadougou. Cette mesure, perçue comme une sanction déguisée, fait suite au refus du Burkina Faso d’accepter une proposition américaine d’accueillir sur son territoire des ressortissants africains expulsés des États-Unis. « C’était une proposition indécente et contraire à notre valeur de dignité. Le Burkina Faso ne saurait être transformé en terre de déportation », a déclaré le chef de la diplomatie.

Ce rejet aurait déplu à Washington, qui semble désormais vouloir signifier son mécontentement par des gestes symboliques. En choisissant Lomé comme nouveau centre de traitement des visas, les États-Unis s’appuient sur un partenaire jugé plus stable et coopératif. Mais à Ouagadougou, la mesure est interprétée comme une mise à l’écart politique. « En diplomatie, on parle de réciprocité », a averti Karamoko Traoré, tout en promettant une réponse mesurée afin de « préserver l’amitié et la fraternité entre les deux peuples ».

En attendant un éventuel rétablissement du service consulaire, les demandeurs burkinabè devront désormais parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour déposer leur dossier à Lomé. Une contrainte qui illustre, au-delà de l’aspect administratif, la détérioration silencieuse mais réelle des relations entre le Burkina Faso et les États-Unis.

Jeremy Ahossou