Madagascar traverse une grave crise politique depuis la manifestation du 11 octobre à Antananarivo, où une partie de l’armée a rejoint la foule réclamant la démission du président Andry Rajoelina. Face à cette situation explosive, le chef de l’État a dénoncé ce dimanche une « tentative de prise du pouvoir illégale et par la force », assurant qu’il demeure sur le territoire national et continue de diriger le pays.
Le nouveau Premier ministre, le général Ruphin Zafisambo, a quant à lui appelé au dialogue entre les différentes composantes de la société pour éviter un effondrement politique.
Les affrontements de samedi ont marqué un tournant dans la contestation lancée fin septembre par le collectif Gen Z, d’abord mobilisé contre les coupures d’eau et d’électricité. Le mouvement a rapidement pris une tournure politique, cristallisant le mécontentement populaire contre la gouvernance du président. Alors que la police tentait de disperser les manifestants à coups de gaz lacrymogène, plusieurs soldats du CAPSAT (Corps d’armée des personnels et services administratifs et techniques) ont fait défection et se sont joints à la foule, provoquant une liesse générale sur la symbolique place du 13-Mai.
Sur le terrain, la tension a dégénéré : des affrontements ont opposé militaires et gendarmes, faisant au moins deux morts et plusieurs blessés, selon les médias locaux. Le colonel Michael Randrianirina, figure de la fronde militaire, a publiquement exigé la démission du président et de ses proches collaborateurs, accusés d’avoir ordonné des tirs sur leurs propres troupes. De son côté, le gouvernement maintient sa position, affirmant que la situation reste sous contrôle malgré les dissensions internes.
Le collectif Gen Z a réitéré ses revendications, appelant à un « dialogue national démocratique » et à l’« accès universel aux services essentiels ». Le mouvement a salué le ralliement des soldats du CAPSAT, tout en affirmant ne pas vouloir recourir à un coup d’État.
Pour information, depuis le début des troubles, au moins 22 personnes ont perdu la vie et une centaine ont été blessées, selon les Nations unies. En durcissant le ton et en confiant le gouvernement à des militaires, le président Rajoelina tente désormais de contenir une contestation qui remet sérieusement en cause la stabilité du régime malgache.
Jeremy Ahossou