Madagascar traverse une grave crise politique depuis la destitution du président Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale, ce mardi 14 octobre 2025. Sur les 163 députés, 130 ont voté pour la destitution du chef de l’État, accusé d’abandon de poste après avoir quitté le pays. En réaction, le président avait publié un décret annonçant la dissolution du Parlement, un acte jugé illégal par les députés qui ont poursuivi la procédure de destitution.

Peu après ce vote historique, une partie de l’armée, notamment le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat), a déclaré « prendre le pouvoir ». Le colonel Michael Randrianirina a annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du Sénat, de la Haute Cour constitutionnelle et de plusieurs institutions, tout en maintenant l’Assemblée nationale. « Nous allons instaurer un Conseil des présidents composé d’officiers de l’armée et de la gendarmerie », a-t-il déclaré devant la foule rassemblée à Antananarivo.

Cette prise de pouvoir militaire intervient dans un climat social explosif marqué depuis septembre par des manifestations massives, menées principalement par le collectif de jeunes « Gen Z ». Ces protestations, initialement motivées par les coupures d’eau et d’électricité, se sont rapidement transformées en un mouvement de contestation politique visant le président Rajoelina. Le 11 octobre, des soldats avaient déjà appelé à la désobéissance, refusant de « tirer sur leurs frères et sœurs ».

Pour information, le président Rajoelina, exfiltré par un avion militaire français selon certaines sources, s’est exprimé depuis un lieu inconnu, dénonçant une « tentative de meurtre ». Il appelle à « respecter la Constitution ». 

Jeremy Ahossou