Malgré la signature récente d’un accord garantissant la préservation des emplois, la société minière Faboula Gold SA a décidé de mettre près de 300 employés en chômage technique, pour une durée encore inconnue. Cette décision, annoncée à travers la note de service, n°280-25-NS-DIR-GEN-01, datée du 8 octobre 2025, suspend l’ensemble des activités d’exploitation minière et de traitement gravimétrique sur le site.
Selon la direction : « cette mesure découle d’un protocole d’accord signé le 2 octobre 2025 entre l’État du Mali, Multi-Assets Holding Ltd et Faboula Gold SA, dans le cadre de la modernisation et du renforcement des capacités de production de la mine ».
Rappelons que le 28 juillet 2025, le gouvernement malien a signé, dans le cadre du nouveau Code minier de 2023, des protocoles d’accord avec trois sociétés minières : Faboula Gold Mining, Bagama Mining et Kalana Mine d’Or.
Ces accords, paraphés par les ministres de l’Économie et des Finances, et celui des Mines, visaient à instaurer un partenariat « gagnant-gagnant » garantissant des retombées fiscales et économiques substantielles, tout en assurant la préservation des emplois locaux.
« Toutes ces sociétés vont employer chacune environ 2 000 personnes et signer des contrats de sous-traitance dans le cadre du contenu local », avait déclaré à l’époque Alousséni Sanou, ministre de l’Économie et des Finances.
Pour sa part, le ministre des Mines, Amadou Keïta, s’était félicité d’un cadre juridique « favorable à une exploitation rentable et durable », bénéfique à la fois pour les investisseurs et pour l’État malien.
Contre toute attente, Faboula Gold SA a notifié, le 10 octobre 2025, à travers la note n°283-25-NS-DIR-GEN-01, la mise en chômage technique de 297 employés : mineurs, laborantins, agents de sécurité, informaticiens, techniciens de la base de vie, entre autres.
La direction justifie sa décision par : « l’inadaptation des équipements actuels aux exigences de production ; la nécessité d’investissements lourds pour moderniser les procédés de traitement ; l’impératif d’assurer une exploitation durable et rentable, conformément au protocole d’accord du 2 octobre ».
Aussi, précise-t-elle : « Durant cette période, les contrats des travailleurs concernés sont suspendus, et par conséquent, aucun salaire ni avantage ne sera versé ».
Fait préoccupant, « aucune durée n’a été fixée pour ce chômage technique ».
Les travailleurs concernés restent donc dans l’incertitude la plus totale, sans garantie de réintégration.
Pour les syndicats et les observateurs du secteur, « cette mesure viole clairement les clauses de l’accord signé entre l’État et la société, qui stipulait explicitement la sauvegarde des emplois pendant la période de redémarrage des activités ».
Le gouvernement est désormais interpellé afin d’évaluer la conformité de cette décision avec les engagements pris dans le cadre du nouveau Code minier de 2023, et de protéger les droits des travailleurs touchés par cette suspension inattendue.
Amadou Traoré