À quelques jours de la présidentielle ivoirienne prévue le 25 octobre 2025, Laurent Gbagbo a pris la parole dans un entretien exclusif accordé à AFO Média. L’ancien chef de l’État a qualifié le scrutin à venir de « coup d’État civil », estimant que le Conseil constitutionnel a écarté délibérément les véritables concurrents du président sortant. Radié de la liste électorale pour une condamnation qu’il juge politique, Gbagbo a affirmé qu’il ne soutiendra aucun candidat, tout en dénonçant un processus électoral « verrouillé ».
Âgé de 80 ans, l’ex-président ivoirien a également profité de cette intervention pour annoncer son intention de se retirer progressivement de la vie politique. « Il n’y a pas de retraite en politique, mais je m’interdirai désormais d’occuper des fonctions politiques, à l’intérieur de mon parti comme dans l’État », a-t-il déclaré. Gbagbo a précisé qu’il ne se présentera pas à la prochaine élection présidentielle, expliquant qu’il souhaite désormais se consacrer à sa famille après « avoir assez donné ». Il a par ailleurs confirmé qu’il quittera la direction du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) après le congrès prévu à l’issue des législatives.
Malgré ce retrait annoncé, Laurent Gbagbo reste une figure centrale du paysage politique ivoirien. Acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale, il continue de peser sur le débat national. Dans son entretien, il a fustigé l’exclusion de candidats comme Tidjane Thiam, président du PDCI, qu’il considère comme une manœuvre du pouvoir pour s’assurer la victoire. « Ce qui va se faire le 25 octobre, ce n’est pas une élection, c’est un braquage électoral », a-t-il dénoncé, réaffirmant que les accusations portées contre lui dans l’affaire du “braquage de la BCEAO” sont infondées.
S’exprimant sur les tensions qui secouent le pays, Gbagbo a déclaré soutenir les manifestants opposés au quatrième mandat d’Alassane Ouattara, tout en niant les avoir incités à descendre dans la rue. « Ceux qui sont dans la rue, je les soutiens. Je suis avec eux », a-t-il lancé, condamnant toutefois la répression et les interdictions de marche. Pour lui, la manifestation pacifique reste « une des expressions fondamentales de la démocratie ».
Enfin, abordant la situation régionale, l’ancien président a regretté les divisions au sein de la CEDEAO et plaidé pour un rapprochement entre les pays d’Afrique de l’Ouest. « La Côte d’Ivoire ne peut pas vivre sans être en bonne relation avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Nous sommes un bloc », a-t-il affirmé. Laurent Gbagbo conclut ainsi une carrière politique marquée par la controverse, mais aussi par un attachement constant à la souveraineté africaine et à l’unité régionale.
Jeremy Ahossou