L'ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, a été condamné jeudi 27 février à cinq ans de prison ferme par la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Reconnu coupable d'enrichissement illicite, de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux, il devra également payer une amende de 220 000 euros. L'État guinéen a décidé de saisir ses comptes épargne et d'exiger près de deux millions d'euros pour le remboursement des sommes détournées et des dommages et intérêts.

Malgré cette condamnation, l'ancien chef du gouvernement n'a pas comparu devant la cour, refusant de se présenter. Ses avocats dénoncent une justice instrumentalisée et pointent de « graves violations de la procédure » ainsi que des « ingérences politiques ». Ils mettent également en avant son état de santé jugé critique, une situation qui n’a pas convaincu le procureur Aly Touré, lequel a refusé toute évacuation sanitaire. Ce dernier estime au contraire que la décision rendue envoie un message fort aux dirigeants sur la nécessité de moraliser la gestion des biens publics.

Me Sidiki Bérété, avocat de Kassory Fofana, a annoncé son intention de faire appel, critiquant un verdict qui, selon lui, sert les intérêts des militaires au pouvoir. Il déplore une justice manipulée et estime que cette affaire illustre une volonté d'humilier les citoyens par le biais des tribunaux. Cette condamnation s’inscrit dans une série de poursuites engagées contre d’anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé, plusieurs de ses proches ayant déjà été sanctionnés par la Crief.

Jeremy Ahossou