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Cameroon - Paul Biya convoque l’élection présidentielle pour le 12 octobre 2025 dans un climat de défiance historique

last updated: Sunday, July 13, 2025 11:52 PM
Source: NEW AFRIQUE

Paul Biya, président de la république

Le président camerounais Paul Biya a officiellement convoqué le corps électoral pour l’élection présidentielle fixée au 12 octobre 2025, a annoncé la présidence ce vendredi 11 juillet. Cette annonce marque le lancement officiel d’une période électorale intense, au cours de laquelle les candidats disposent de dix jours pour déposer leurs dossiers auprès des antennes régionales d’Elecam, l’organe en charge de l’organisation des scrutins.

Les dossiers feront d’abord l’objet d’un examen de conformité par Elecam, avec une possibilité de recours devant le Conseil constitutionnel en cas de rejet. Une étape qui s’annonce déterminante, notamment pour les figures de l’opposition, souvent confrontées à des obstacles techniques et financiers, à commencer par la caution de 30 millions de FCFA exigée pour valider une candidature.

Selon le politologue Njoya Moussa, cette période est marquée par de « fortes tractations », en particulier dans les rangs d’une opposition fragmentée. Malgré les appels réguliers à l’unité, il estime peu probable l’émergence d’un candidat unique face au régime en place. Il anticipe plutôt une configuration autour de deux ou trois figures principales, capables de fédérer militants politiques et acteurs de la société civile.

Le Cameroun compte officiellement plus de 300 partis politiques, mais seuls 19 d’entre eux remplissent les conditions pour présenter un candidat, selon le ministère de l’Administration territoriale. Quant aux candidatures indépendantes, elles restent soumises à une exigence élevée de 300 parrainages répartis sur les dix régions du pays — un critère souvent jugé dissuasif.

Des scrutins passés marqués par des contestations

Cette nouvelle échéance électorale intervient dans un contexte de défiance croissante vis-à-vis du processus électoral au Cameroun. Depuis plusieurs décennies, le régime de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est régulièrement accusé de fraude électorale, de manipulation des institutions et de verrouillage du système électoral. Les précédentes présidentielles — notamment celles de 2004, 2011 et 2018 — ont été entachées de fortes suspicions de fraude, de manque de transparence dans le dépouillement et d’une mainmise du pouvoir sur Elecam et le Conseil constitutionnel, tous deux perçus comme peu indépendants.

Des opérations de bourrage d’urnes, des irrégularités dans les listes électorales et une faible transparence dans la centralisation des résultats ont été documentées par plusieurs missions d’observation nationales et internationales. Malgré ces constats, aucune réforme électorale significative n’a été engagée, alimentant ainsi un climat de scepticisme généralisé.

À trois mois du scrutin, les regards sont tournés vers une élection décisive, dans un pays où les appels à la réforme du système électoral, à la limitation des mandats et à la transparence démocratique restent largement lettre morte.

 

La rédaction de New Afrique

 


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