À Madagascar, de violentes manifestations ont éclaté ces derniers jours, causant la mort d’au moins 22 personnes selon l’ONU. Face à la colère de la jeunesse, le président Andry Rajoelina a annoncé lundi soir, lors d’une allocution télévisée, le limogeage de son Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement. Il a affirmé avoir « écouté les voix et les demandes » de la population, promettant un nouvel exécutif « au service du peuple » .
Le chef de l’État a présenté ses condoléances aux familles des victimes et assuré que des aides seraient octroyées aux sociétés touchées par les pillages, notamment par des prêts à taux zéro et des subventions. En attendant la nomination d’un nouveau Premier ministre, les membres sortants assureront l’intérim. Le président a précisé que des candidatures pouvaient être transmises directement au palais d’État, mais aussi par mail et LinkedIn pour les Malgaches de la diaspora.
Cependant, la Génération Z, très mobilisée, a jugé ces annonces insuffisantes. Sur les réseaux sociaux, elle a dénoncé l’absence d’excuses du président pour les violences imputées aux forces de sécurité. De nouveaux appels à manifester ont été lancés, et des milliers de jeunes ont de nouveau occupé les rues d’Antananarivo et d’autres grandes villes, réclamant désormais la démission pure et simple de Rajoelina.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme s’est dit « choqué » par la répression, dénonçant un usage « non-nécessaire et disproportionné » de la force, avec tirs à balles réelles et arrestations arbitraires. L’organisation appelle à une enquête indépendante et transparente. De son côté, le gouvernement limogé a contesté le bilan de l’ONU, affirmant qu’« aucun chiffre officiel ne corrobore ce bilan » et appelant à éviter « toute amplification de contenus non confirmés ».
Jeremy Ahossou