Alors que les pourparlers entre la RDC et le Rwanda progressent sous la houlette des États-Unis et du Qatar, la présence française dans ce processus suscite des interrogations. Officiellement discrète, la France multiplie pourtant les interventions : échanges diplomatiques, implication dans le processus de Doha et participation au comité de suivi. Cette posture soulève des doutes sur la neutralité réelle de Paris, dont les relations anciennes avec les régimes africains ne rassurent pas toujours les acteurs locaux.
Au sein de l’ONU, Paris joue le rôle de « porte-plume » de la RDC, en défendant des résolutions contre l’AFC/M23 et la présence rwandaise. Si cela peut sembler un soutien franc à Kinshasa, certains observateurs dénoncent une posture opportuniste. En se positionnant comme défenseur de la souveraineté congolaise, la France cherche aussi à redorer son image sur le continent, dans un contexte où son influence traditionnelle est de plus en plus contestée.
Plus qu’un médiateur désintéressé, la France semble vouloir rester au centre du jeu diplomatique en Afrique centrale, quitte à brouiller les lignes entre paix et stratégie géopolitique. Son implication soulève une question de fond : peut-on véritablement parler de médiation quand les intérêts d’une puissance extérieure ne sont pas clairement distingués de ceux des parties en conflit ?.
Jeremy Ahossou