La décision de Donald Trump de suspendre l'aide au développement pour l'Afrique a provoqué une grande inquiétude sur le continent. Cependant, l’économiste Kako Nubukpo, ancien ministre togolais, considère cette annonce comme une opportunité pour l’Afrique de repenser ses modèles de développement. Selon lui, l’Afrique est bien plus un contributeur net à l’économie mondiale que le contraire. "Nous nous sommes complus dans un narratif occidental qui consiste à dire que l'Afrique reçoit de l’aide, alors qu’en réalité, elle est un contributeur net à l’économie mondiale", affirme-t-il.

Nubukpo souligne que l’Afrique exporte chaque année des centaines de milliards de dollars en ressources naturelles, mais que des milliards s'envolent également sous forme de flux financiers illicites vers des paradis fiscaux. "L’Afrique perd bien plus qu’elle ne reçoit", insiste-t-il, en appelant les dirigeants africains à reprendre le contrôle de leurs ressources naturelles et à ne plus dépendre des aides extérieures. Il plaide pour une révision des politiques fiscales, une lutte contre l’évasion fiscale, et une industrialisation accrue du continent pour le rendre plus autonome économiquement.

Pour sortir de la dépendance, l’économiste propose de renforcer les systèmes fiscaux africains, car l'Afrique ne collecte que 16 % du PIB en impôts, contre 34 % dans les pays développés. De plus, il insiste sur l'importance d’annuler la dette qui accable certains pays africains et empêche tout investissement pour leur développement. Il recommande également de réorienter les priorités vers une industrialisation qui mettrait fin à la dépendance de l'exportation de matières premières non transformées. "Nous devons produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons", conclut Nubukpo.

Enfin, face à l'influence grandissante des BRICS, le Togo et d’autres pays africains pourraient saisir cette période de retrait des puissances occidentales pour négocier des partenariats plus équilibrés. "L’Occident se retire, les BRICS avancent", remarque Nubukpo, soulignant que l'Afrique devrait désormais se positionner comme un acteur principal de son propre développement. Cette situation offre aux nations africaines une chance de rompre avec l'assistanat et de bâtir une souveraineté économique réelle.

Jeremy Ahossou