Au Bénin, la question de la relecture du Code électoral refait surface à l'approche des élections générales de 2026. L'opposition, soutenue par un parti de la société civile, dont l'Église catholique, réclame une révision de certaines dispositions du Code adopté en mars 2024, qu'elle juge sources de tensions. L'Église catholique, après un colloque à Cotonou en avril 2024, a recommandé une relecture consensuelle pour garantir des élections véritablement démocratiques. Le parti Les Démocrates, dirigé par l'ancien président Boni Yayi, a également porté cette demande sur la table, s'inquiète des conséquences de certaines mesures sur la représentativité politique.
Le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, a répondu à ces appels lors d'une conférence de presse le 31 octobre 2024 dernier. Interrogé sur la possibilité d'une nouvelle relecture, il a répondu de manière évasive : « Nous avons entendu ». Cette déclaration laisse entendre que le gouvernement reste pour l'instant indécis quant à l'acceptation de cette requête. Le porte-parole s'est contenté de rappeler que le gouvernement est attentif aux préoccupations exprimées, sans s'engager davantage.
Les critiques de l'opposition portent principalement sur l'article 132 du Code électoral, qui impose aux candidats à la présidentielle d'obtenir le parrainage de 15% des députés et des maires, répartis sur 3/5 des circonscriptions électorales. À ce sujet, Wilfried Léandre Houngbédji a affirmé que « avec ce Code électoral, tous les partis aujourd'hui représentés à l'Assemblée nationale, qu'ils soient de l'opposition ou de la mouvance, ont la possibilité d'avoir un candidat » pour la présidentielle 2026. Ce qui veut dire que ce code, il est inclusif ». Il a précisé que l'inclusion ne signifie pas que « tous ceux qui ont envie d'être candidats soient candidats », mais que toutes les tendances politiques puissent être représentées.
En outre, l'opposition s'inquiète du seuil d'éligibilité élevé de 20% pour les législatives, arguant qu'il pourrait marginaliser certains partis. Wilfried Léandre Houngbédji a réfuté cette accusation, car cette réforme vise à « l'émergence de grandes formations politiques ». Il a ajouté que cette disposition n'avantage ni la mouvance ni l'opposition, soulignée que lors des législatives de 2023, aucun parti n'avait réussi à remplir les conditions du Code. Selon lui, la réforme incite les partis à renforcer leur implantation et à se préparer davantage pour les échéances électorales à venir.
Face à ces débats, le gouvernement reste ferme sur sa position et continue de défendre la réforme, tout en laissant la porte ouverte à un dialogue avec les partis. Toutefois, les tensions subsistent autour de la question de la représentativité et de l'inclusivité du Code électoral, un sujet qui devrait continuer à animer la scène politique béninoise dans les mois à venir.
Jeremy Ahossou