Depuis le retrait officiel du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO le 29 janvier dernier, les conséquences commencent à se faire sentir. L'une des premières décisions de l'organisation régionale a été de mettre fin aux contrats de 135 employés originaires de ces trois pays. Ce licenciement, qui sera effectif d'ici septembre 2025, découle du cadre légal qui impose aux fonctionnaires de la CEDEAO d'être citoyens des États membres.
Selon les textes réglementaires de l'institution, les travailleurs concernés comportent trois mois d'indemnités salariales, ainsi qu'un mois supplémentaire par année d'ancienneté, plafonné à douze mois. Toutefois, cette mesure suscite un profond sentiment d'injustice parmi les employés touchés. « Nous sommes victimes d'une décision que nous n'avons pas pris », confie l'un d'eux sous anonymat. Beaucoup de ces fonctionnaires ont passé plusieurs années, voire des décennies, au sein de l'organisation, rendant leur départ autant plus brutal.
L'annonce a été faite par un simple courrier électronique, un procédé jugé impersonnel par plusieurs fonctionnaires licenciés. « Certains d'entre nous ont plus de vingt ans de maison ! », s'indigne un employé. Alors que certains envisagent une nouvelle expatriation, d'autres se posent des questions sur leur avenir dans leurs pays d'origine, où la situation politique est instable. « Je suis un démocrate. Je ne sais pas si je pourrais être utile au régime militaire en place », déclare l'un d'eux, exprimant ses doutes quant à son retour.
Parallèlement, les négociations entre la CEDEAO et l'AES se poursuivent afin de définir les modalités de séparation. Des discussions sont en cours sur des sujets clés comme la liberté de circulation des citoyens, les investissements économiques et le maintien des projets régionaux en cours. L'AES insiste sur la nécessité de défendre les intérêts de ses populations et de maintenir certaines coopérations essentielles.
Un comité a été mis en place par la CEDEAO pour gérer cette transition et tenter d'éviter une rupture totale entre les deux blocs. Toutefois, de nombreux défis restent à relever, notamment en matière de développement et d'intégration économique. Les prochaines étapes des négociations seront cruciales pour définir l'avenir des relations entre la CEDEAO et l'AES.
Jeremy Ahossou