Dans une courte intervention audio-visuelle diffusée ce dimanche 14 décembre 2025, l’activiste panafricaniste Kemi Seba a réagi avec virulence au mandat d’arrêt international émis à son encontre par les autorités béninoises. Dans un discours fleuve, il dénonce ce qu’il qualifie de « manœuvre néocoloniale » et accuse directement le président béninois Patrice Talon de dérives autoritaires, d’injustice sociale et de violations des principes démocratiques.
Dès l’entame de son propos, Kemi Seba minimise la portée de la mesure judiciaire annoncée contre lui. « Mandat d’arrêt international. Quelle erreur stratégique, monumentale et fondamentale du camp néocolonial, pensant naïvement que leur mandat d’arrêt aura une incidence sur ma personne », affirme-t-il, soutenant avoir pris, selon ses mots, « toutes les précautions dans ce combat géopolitique ».
Revenant longuement sur la situation politique au Bénin depuis 2016, l’activiste dresse un tableau sombre de la gouvernance du président Talon, qu’il accuse de prédation économique et d’exclusion politique. « Depuis que Talon a pris le pouvoir, il n’a jamais accepté que l’opposition puisse se présenter aux élections présidentielles », soutient-il, évoquant également des violences politiques lors de contestations électorales, des accusations formulées sans apporter d’éléments factuels nouveaux.
Dans son intervention, Kemi Seba compare la gestion du pays à celle d’une entreprise tournée vers l’extérieur au détriment de sa population. « Il présente une belle vitrine à l’extérieur pendant qu’à l’intérieur il persécute ses employés », déclare-t-il, estimant que la croissance économique mise en avant par les autorités béninoises ne profiterait qu’à une minorité. « Cette croissance bénéficie à qui ? Elle bénéficie à votre caste prédatrice et pas à la majorité de la population », insiste-t-il.
L’activiste va plus loin en accusant le chef de l’État béninois d’avoir orchestré un « coup d’État constitutionnel », évoquant la création d’institutions et la prolongation de mandats sans consultation populaire. Selon lui, ces choix politiques auraient nourri un profond mécontentement social. « Quand tant de gens dans votre pays sont en colère vis-à-vis de vous, c’est que l’injustice sociale est devenue une religion », martèle-t-il.
S’adressant directement au président Talon, Kemi Seba adopte un ton de défi. « Tu as lancé un mandat d’arrêt contre nous, mais tu es tombé sur le mauvais noir. Tu ne pourras jamais nous arrêter », lance-t-il, promettant un retour au Bénin « pour communier avec notre population ». Il conclut son propos par un appel radical à la souveraineté et à la lutte panafricaine : « Le Bénin libre ou la mort, nous vaincrons. L’Afrique libre ou la mort, nous vaincrons ».
Cette sortie intervient dans un contexte régional et international tendu, où les questions de gouvernance, de souveraineté et de relations avec les anciennes puissances coloniales demeurent au cœur des débats. À ce stade, les autorités béninoises n’ont pas officiellement réagi aux déclarations de l’activiste, dont les propos, très offensifs, risquent de raviver les tensions politiques autour de son cas.
Cyril DAKPITI