L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a tenu, hier jeudi 11 décembre 2025, au CICB, son 20è Conseil central, sous la présidence du ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social. Lors de cette rencontre stratégique, le secrétaire général de la plus grande centrale syndicale au Mali, Yacouba Katilé, a dressé un diagnostic sans concession du contexte national et de la situation des travailleurs.
Dans son allocution, le secrétaire général a rappelé que la tenue de cette session s’effectue conformément aux statuts et règlements de l’UNTM.
« Depuis sa création, la centrale s’est voulue historique, bâtie sur le courage, l’honnêteté syndicale et le sens de responsabilité envers les travailleurs et la Nation», a déclaré M. Katilé
Et de poursuivre : « Le Conseil central demeure un cadre privilégié de redevabilité, d’évaluation et de définition des grandes orientations pour les mois et années à venir »
Yacouba Katilé a profité de l’occasion pour « exprimer la gratitude de l’UNTM aux autorités de la Transition pour l’augmentation de la valeur indiciaire accordée aux agents publics et parapublics. Un geste attendu depuis longtemps, qui témoigne d’une volonté d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs et de reconnaître leur rôle dans la continuité du service public. Il a toutefois encouragé la poursuite des réformes visant à renforcer la justice salariale ».
Le secrétaire général a rappelé : « ce Conseil central se tient dans un environnement marqué par des défis sécuritaires persistants, affectant les travailleurs, les entreprises et la stabilité sociale ; des pressions économiques dues aux changements géopolitiques, aux sanctions passées et à la situation financière de l’État ; des enjeux de souveraineté, notamment dans la transformation des ressources naturelles ; des tensions sociales récurrentes, qui requièrent responsabilité et lucidité de tous les acteurs ».
Et de lancer : « Face à ces défis, l’UNTM demeure convaincue que cohésion nationale, justice sociale et respect des droits des travailleurs restent essentiels pour la stabilité et le développement du pays ».
Pour Yacouba Katilé, « le Pacte de stabilité sociale et de croissance demeure un outil indispensable pour stabiliser le climat social, renforcer la gouvernance du monde du travail et améliorer durablement les conditions de vie des citoyens. Il appelle toutes les parties signataires, État, employeurs, syndicats, collectivités, à en faire une réalité vécue, et non un simple document ».
Parmi les engagements à respecter, il cite notamment « l’amélioration du pouvoir d’achat ; l’équité entre travailleurs du public et du privé ; la sécurité sociale universelle ; la protection juridique des travailleurs ; l’amélioration des services sociaux de base ; la lutte contre les abus, les retards de salaires et les exploitations ».
Le secrétaire général a attiré l’attention sur l’inflation, qui « érode fortement les revenus ».
Il appelle « à revoir les mécanismes de fixation des salaires ; renforcer les subventions sur les produits essentiels ; réguler les prix ; protéger les couches vulnérables ».
Concernant la jeunesse, il plaide pour des politiques industrielles créatrices d’emplois, l’inclusion des jeunes dans les programmes nationaux et la protection des jeunes travailleurs.
Sur un tout autre plan, Yacouba Katilé a déploré « des sanctions abusives, des blocages dans la création de comités syndicaux, des violations de la liberté syndicale, des pressions sur des délégués légitimes. Il rappelle l’obligation pour le Mali de respecter les Conventions internationales relatives à la liberté syndicale et à la négociation collective ».
Le secrétaire général de l’UNTM a invité les syndicalistes à un examen de conscience :
« Le syndicalisme malien doit rester propre, loyal et responsable. Il doit être un instrument de défense des travailleurs, et non un outil d’intérêts personnels ».
Il a réaffirmé l’engagement de l’UNTM à promouvoir la rigueur, l’intégrité et l’honnêteté syndicale.« Aucun travailleur ne doit craindre pour sa vie en allant travailler », a insisté Yacouba Katilé.
Il appelle à garantir la sécurité notamment pour les agents de santé, les enseignants, les transporteurs, les travailleurs des zones à risques, les populations rurales.
Enfin, Yacouba Katilé a lancé un appel à toutes les parties prenantes au Gouvernement : appliquer les engagements convenus ; aux employeurs : respecter les droits des travailleurs ; aux syndicats : agir avec responsabilité ; aux travailleurs : cultiver discipline, professionnalisme et solidarité.
Pour lui, « la paix sociale n’a pas de prix : un pays ne se construit pas dans le désordre, mais il ne peut prospérer non plus dans l’injustice ».
Amadou Traoré