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Senegal - Le président Bassirou Diomaye Faye demande le retrait des bases militaires françaises, un pas vers la souveraineté nationale

last updated: Friday, November 29, 2024 8:41 AM
Source: NEW AFRIQUE

Sénégal - Le président Bassirou Diomaye Faye

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a officiellement demandé le retrait des bases militaires françaises du Sénégal, affirmant que leur présence est incompatible avec la souveraineté nationale. Cette décision, annoncée alors que le pays s’apprête à commémorer le 80ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, s’inscrit dans une dynamique régionale de remise en question des liens militaires avec les anciennes puissances coloniales.

La souveraineté au cœur des priorités

Depuis son élection en mars dernier, Bassirou Diomaye Faye a fait de la souveraineté nationale une priorité. Lors d’une interview avec l’AFP, il a souligné : « La souveraineté d’un pays implique l’absence de bases militaires étrangères sur son territoire. » Toutefois, il a précisé que cette demande ne signifiait pas une rupture des relations diplomatiques avec la France, insistant sur l’importance de maintenir des liens économiques et culturels forts entre les deux pays.

Les raisons invoquées par les anciennes puissances coloniales

Historiquement, la France et d’autres anciennes puissances coloniales ont justifié l’installation de bases militaires en Afrique par plusieurs arguments :

  • La lutte contre le terrorisme : Les bases seraient nécessaires pour stabiliser la région, notamment face à des groupes jihadistes actifs au Sahel.
  • Le soutien aux États africains : La présence militaire est présentée comme une forme d’aide pour renforcer les capacités des forces locales.
  • La protection des intérêts stratégiques : Les bases permettent de sécuriser les citoyens français et les infrastructures vitales pour l’économie globale.

Cependant, ces raisons sont souvent critiquées pour masquer des objectifs moins altruistes.

Les vraies raisons derrière la présence militaire étrangère

De nombreux analystes et activistes africains dénoncent les bases militaires étrangères comme des outils de contrôle géopolitique. Parmi les motivations non avouées :

  • Protection des intérêts économiques : Les bases sont situées à proximité de ressources stratégiques (pétrole, uranium, etc.) ou de corridors commerciaux.
  • Maintien de l’influence néocoloniale : La présence militaire garantit un rôle dominant dans les affaires intérieures des États africains.
  • Préservation d’un accès stratégique : Les bases servent de points d’appui pour des opérations militaires globales, au-delà du continent africain.

Un contexte régional en pleine mutation

La décision de Bassirou Diomaye Faye s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, ont déjà demandé le départ des troupes françaises. Ces retraits marquent une reconfiguration des relations entre l’Afrique et l’Europe, reflétant une volonté croissante des pays africains de réduire leur dépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales.

Le Sénégal, qui abrite encore des bases françaises, adopte une position similaire, affirmant son droit à définir sa propre trajectoire sécuritaire et politique. La commémoration imminente du massacre de Thiaroye en 1944, où des soldats sénégalais furent tués par l’armée française, renforce la symbolique de cette décision. Ce massacre reste un point noir de l’histoire coloniale française, et la reconnaissance récente de cet événement par le président Emmanuel Macron a été saluée par Faye comme une étape importante vers la réconciliation.

Un pas vers la souveraineté africaine

En demandant le retrait des bases militaires françaises, Bassirou Diomaye Faye rejoint une dynamique régionale qui remet en question les relations déséquilibrées héritées de la colonisation. Cette décision, bien que saluée par une grande partie de la population, pourrait également ouvrir la voie à des tensions diplomatiques et à des ajustements stratégiques dans la région.

Pour le Sénégal, cette étape marque un engagement fort en faveur d’une indépendance réelle, au-delà des symboles, et d’une affirmation de son rôle comme acteur souverain sur la scène internationale. Reste à voir comment cette demande sera mise en œuvre et quel impact elle aura sur les relations entre Dakar et Paris, ainsi que sur la stratégie militaire française en Afrique.

 

Jeremy Ahossou 


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