Libéré il y'a de cela une semaine après une interpellation brutale et un internement controversé à l’hôpital psychiatrique de Zébé, l’artiste-blogueur togolais Aamron est sorti de son silence. Dans un message publié sur TikTok, il revient sur son expérience et s’adresse à ses compatriotes dans un ton à la fois spirituel et engagé. Il déclare : « En m’engageant sur la voie qui m’a menée où je suis aujourd’hui, j’avais admis et accepté d’être un martyr ». Il affirme avoir assumé son internement comme une étape sacrificielle, se décrivant comme « un agneau sacrificiel » au service du peuple togolais.
Loin de se poser en simple victime, Aamron transforme cet épisode en message d’espoir et de don de soi. « J’avais décidé d’offrir ma vie en sacrifice tout en espérant que ma chute ou ma disparition puisse permettre à tout un peuple de retrouver sa dignité, son honneur », écrit-il. Il évoque un « choc émotionnel » causé par son arrestation, appelant à une « réanimation de la grande conscience nationale », et remercie la mobilisation populaire et internationale qui, selon lui, l’a « rappelé à la vie ».
Plutôt que de nourrir un discours de revanche, l’artiste surprend en prônant la réconciliation. Il lance un appel à dépasser les clivages, affirmant : « Que nous soyons militaires qui obéissons à des ordres ou peuple qui revendiquons nos droits légitimes (…) nous sommes tous des Togolais ». Une prise de position qui contraste avec le climat politique tendu marqué par la répression des manifestations ces dernières semaines.
Aamron, devenu en quelques mois un symbole de résistance, affirme son engagement pour une société togolaise plus juste et démocratique. « Vainquons ou mourrons, mais dans la dignité », conclut-il, en reprenant une phrase emblématique de l’hymne national, soulignant ainsi sa volonté de s’inscrire dans un combat patriotique, au-delà des souffrances personnelles.
Jeremy Ahossou