Soupçonnés de complicité avec les exploitants illégaux des ressources minières et de détournement des matériels saisis dans le cadre de l’opération contre l’exploitation illégale de l’or sur le fleuve Falémé, plusieurs personnalités de Keniéba, notamment des présidents d’associations, des élus, opérateurs économiques, ainsi que des Chinois sont convoqués au Pôle économique et financier.

Selon nos sources, les écoutes ont déjà commencé, et se poursuivront durant cette semaine. Si certains ont eu le courage de s’expliquer, d’autres ont pris la tangente pour une destination inconnue.

Pour rappel, depuis plusieurs années, la présence massive des étrangers dans le cercle de Keniéba est une triste réalité. On dénombre plus de 5 000 Burkinabés et 200 sites chinois qui exploitent illégalement l’or sur le fleuve Falémé et dans des sites d’orpaillage du cercle de Keniéba. 

Ces étrangers exploitent illégalement de l’or de façon dangereuse avec les bulldozers et des dragues. Des milliers d’hectares et le fleuve Falémé sont complètement détruits.

Suite aux nombreuses interpellations des autorités de la Transition par  les membres de l’association Wassa Ton  sur la présence  massives de exploitants illégaux dans le cercle de Keniéba, le jeudi 7 janvier 2021, trois membres du gouvernement de la transition (ministre de l’Energie et de l’Eau ; ministre de l’Environnement, l’Assainissement et du Développement Durable, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile) ont pris part au lancement officiel de l’opération « Falémé ni Sanou kô dambé» à Keniéba. Cette opération vise à chasser les machines et les dragues qui dégradent l’environnement et détruisent les fleuves. 

Aussi, conformément à l’ordre de mission N°83 de la Chambre des mines de Keniéba, une délégation s’est rendue, le 26 mars 2021, sur plusieurs sites d’exploitations illégales de l’or dans le cercle de Kéniéba. Cette délégation était composée des membres de la Chambre des mines, du Conseil local de la société civile, de l’association Wassa Ton, de l’UCROM, de la Fédération des orpailleurs et de la jeunesse de Kéniéba. Cette mission visait à suivre l’application de l’arrêté interministériel portant sur l’interdiction de l’exploitation illégale de l’or dans le fleuve Falémé.

Lors de cette mission de suivi, la surprise a été grande. Malgré l’interdiction, les sociétés privées chinoises et d’autres personnes continuaient d’exercer librement les activités sur le fleuve Falémé et dans d’autres zones du cercle de Keniéba.

Face à ce constat, la mission, accompagnée d’une forte escorte de forces de l’ordre et sécurité, a procédé à la saisie des biens matériels présents sur place.

Sur le site  Séllou, la délégation a constaté la présence de campements d’opérateurs chinois avec des biens matériels et des pelles mécaniques. Elle a saisi sur place : « un congélateur de marque, un garde-à-manger, un poste à soudure BX1-400, un compresseur (machine à laver), un générateur en bon état, deux rouleaux de raccord; une grande cuve à essence, une ligne de laverie d'or, trois gros générateurs en mauvais état, deux pelles mécaniques Y365 H, SY 365 H de marque SANY. A Dogofili, la mission a aussi saisi : une pelle mécanique de marque SANY SY 335 C, un petit congélateur HIMAX, un réchaud à gaz, une Toyota Hilux double cabine, immatriculée BM 9681 MD, une pelle mécanique de marque SANY SY 235.

Sur un autre site, la délégation a mis la main sur : un véhicule Prado immatriculé BF 3092 MD, deux pelles mécaniques 330 CAT et EXJ-074 CAT, une pelle mécanique 33 J, une grande cuve de carburant contenant de gasoil, un générateur de marque chinoise, une ligne de laverie, deux générateurs et un poste à soudure. Quant au dernier site, la mission a récupéré un générateur D30-1003205 B, un compresseur à air W-0.9/12.5, une cuve de carburant, un véhicule Prado immatriculé AX 3365 MD, deux générateurs de marque chinoise couleur bleue et jaune, une pelle mécanique LiuGong 936 E, une pelle mécanique de marque SANY SY 333 », révèle notre source.

Malheureusement, ces matériels ont disparu dans la nature à la surprise générale. Partant de constant, le Pôle économique et financier a pris les choses en mains pour démasquer les éventuels auteurs et leurs complices dans la disparition des matériels et dans l’exploitation illégale des ressources minières.

En tout cas, la ville de Kéniéba qui devrait être une vitrine du cercle est à la trappe. Au-delà du problème d’électricité, le manque d’eau potable est une réalité. La quasi-totalité des localités sont confrontées à la pollution d’eau à cause des exploitants illégaux de l’or et utilisateurs des dragues.

Amadou Traoré