À quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, huit personnalités originaires du Sud-Cameroun, région natale de Paul Biya, ont publié une lettre ouverte appelant à « sanctionner dans les urnes » le président sortant. Longtemps considéré comme un bastion du pouvoir avec des scores records pour le chef de l'État, le Sud semble aujourd’hui montrer des signes de lassitude après plus de quatre décennies de règne.
Dans cette lettre de quatre pages, les signataires – pour la plupart universitaires et figures civiles – dressent un tableau critique du bilan de Paul Biya dans leur région. Ils dénoncent des infrastructures en ruine, l’absence d’électricité dans plusieurs localités, un chômage endémique chez les jeunes, et un profond sentiment d’abandon. Ils accusent également le président d’avoir maintenu une « relation distante et condescendante » avec sa propre région.
Cet appel inédit a provoqué des remous dans le Sud-Cameroun, où la loyauté envers Paul Biya semblait jusqu’alors inébranlable. L'opposition s’est rapidement emparée de cette sortie, la considérant comme un tournant symbolique. Du côté du pouvoir, aucune réponse officielle n’a été enregistrée, même si certains cadres du RDPC dénoncent en privé une tentative de manipulation électorale.
Jeremy Ahossou