C’est un discours au ton ferme et sans détour qu’a livré le président du Conseil national de Transition (CNT), le Général Malick Diaw, ce lundi 7 avril 2025, à l’ouverture de la session ordinaire d’avril. Dans une adresse musclée, il a vertement critiqué les leaders politiques maliens, les accusant de dérives, d’égoïsme et d’aveuglement politique.
Dans une salle du CNT où régnait un silence attentif, le Général Diaw n’a pas mâché ses mots : « Les sorties malencontreuses de certains, qui se définissent comme leaders politiques... Ils ont peut-être le courage politique, mais manquent visiblement de sagesse politique », a-t-il déclaré d’entrée, tout en pointant du doigt l’attitude de certains acteurs de la scène politique.
Il accuse ces derniers de n’œuvrer que pour leurs propres intérêts : « Ces fils du Mali, loin de servir leur pays, ne pensent qu'à leurs intérêts personnels, claniques et partisans », a-t-il poursuivi. Général Diaw a déploré une posture qu’il juge préjudiciable au processus de transition en cours.
Faisant allusion à la crise sécuritaire et aux années d’instabilité, le président du CNT a rappelé le traumatisme vécu par le peuple malien : « Le peuple malien assistait impuissamment à une mascarade honteuse face aux hordes de barbares sans foi ni loi, qui semaient partout la terreur, imposant leurs dictats », a-t-il martelé, dénonçant ce qu’il considère comme une démission des anciennes élites face aux défis du pays.
Il s’est montré particulièrement critique vis-à-vis de la gestion passée : « Ils avaient promis la montée au ciel, mais les Maliens avaient prononcé la descente aux enfers. Leurs promesses n’étaient que de la poudre aux yeux », a-t-il fustigé, avant d’ajouter, non sans ironie : « Ces enfants sont certes atteints de myopie politique. »
Sur les questions économiques, notamment les nouvelles taxes controversées sur les services téléphoniques et mobile money, le Général Diaw a défendu la ligne du gouvernement de transition : « Les taxes, loin d’être des mesures coercitives comme le spéculent certains nostalgiques, ont déjà apporté leurs fruits. Cette initiative a permis d’améliorer considérablement la fourniture de l’électricité », a-t-il expliqué, tout en saluant la patience et le sens du devoir des citoyens.
Enfin, il a réaffirmé l’engagement du CNT à poursuivre la refondation nationale avec fermeté : « Qu’ils sachent que la refondation du pays est en marche et se fera avec le peuple, et non par des manipulations à travers les réseaux sociaux », a-t-il averti, visiblement agacé par ce qu’il qualifie de désinformation.
Et de conclure avec gravité et conviction : « L’heure n’est plus à la charité. Nous sommes des hommes libres, dignes, fiers d’assumer notre destin. Rien ne nous fera changer de conviction, plaise à Allah. »
Un discours qui risque de secouer l’échiquier politique malien et de relancer les débats sur la légitimité des acteurs actuels du changement.
Cyril DAKPITI