À Lomé, une controverse institutionnelle alimente le débat politique depuis plusieurs semaines. Dans une lettre datée du 1er décembre et adressée au président de la République, Jean-Lucien Savi de Tové, l’opposant Jean-Pierre Fabre tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il considère comme une dérive symbolique et constitutionnelle. Le président national de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) s’inquiète de la multiplication, dans les administrations publiques, des portraits de Faure Gnassingbé en tant que président du Conseil, au détriment de celui du chef de l’État.
Pour Jean-Pierre Fabre, ce choix iconographique n’est pas anodin. Il estime qu’il contrevient à l’esprit et à la lettre de la nouvelle Constitution entrée en vigueur en mai 2025, laquelle consacre une Ve République parlementaire. Le texte fondamental stipule pourtant clairement que le président de la République est le chef de l’État et le symbole de l’unité nationale, tandis que le président du Conseil exerce le pouvoir exécutif. À ses yeux, afficher prioritairement l’effigie du chef du gouvernement revient à brouiller les repères institutionnels et à vider la fonction présidentielle de sa substance.
L’opposant voit dans cette situation la preuve d’un parlementarisme de façade, instauré, selon lui, pour maintenir le pouvoir en place. Il dénonce une concentration excessive des prérogatives entre les mains du président du Conseil, dans un contexte où la Constitution ne préciserait pas clairement les modalités de nomination des ministres. Jean-Pierre Fabre va jusqu’à qualifier certains actes gouvernementaux d’usurpation de compétence, estimant qu’ils reposent sur un vide juridique préoccupant.
Dans la dernière partie de sa lettre, le leader de l’ANC lance un appel solennel au président Jean-Lucien Savi de Tové, rappelant son parcours de juriste et son devoir moral face à ce qu’il décrit comme une dérive du système politique dominé par le parti au pouvoir, l’UNIR.
Pour finir, Il l’exhorte à prendre une position publique claire afin de réaffirmer la prééminence de la fonction présidentielle et de garantir le respect de la Constitution, qu’il a juré de défendre au nom de l’unité nationale.
Jeremy Ahossou