Les autorités de transition du Niger ont annoncé la suspension des activités de l'ONG française Acted sur le territoire national. La décision a été rendue publique mardi dernier par le ministre de l'Intérieur, le Général Mohamed Toumba. Acted, qui opère au Niger depuis 2010, s'est vu retirer son autorisation d'exercer sans qu'un motif précis ne soit officiellement communiqué. Cependant, des sources indiquent que cette suspension pourrait être liée à un désalignement entre les actions de l'ONG et les nouvelles priorités des autorités nigériennes.
Depuis le coup d'État de juillet 2023, qui a renversé le président Mohamed Bazoum, les autorités de transition nigériennes ont adopté une posture de fermeté envers les partenaires occidentaux, en particulier la France. Dans leur quête de reprise en main de la souveraineté nationale, cette suspension d'Acted pourrait s'inscrire dans une série de mesures visant à limiter l’influence étrangère au Niger. La décision intervient dans un contexte où les ONG internationales sont de plus en plus perçues avec suspicion en Afrique, en raison de leurs actions parfois jugées contradictoires aux priorités nationales.
Acted, présente dans plusieurs régions du Niger, apportait jusqu'à récemment une aide d'urgence aux populations affectées par les conflits et les violences. Depuis son implantation en 2010, l'organisation affirme avoir assisté plus d'un million de personnes à travers divers projets humanitaires. Elle se positionne comme un acteur crucial dans la région, aidant à répondre aux besoins humanitaires dans un pays où les crises sécuritaires et alimentaires se multiplient.
Toutefois, l’histoire des ONG internationales en Afrique est marquée par des rôles controversés. Dans plusieurs pays du continent, ces organisations sont accusées d’ingérence, d’agendas cachés, ou encore de favoriser les intérêts de puissances étrangères sous couvert d’aide humanitaire. En Afrique de l’Ouest, par exemple, certaines ONG ont été soupçonnées de jouer des rôles ambiguës dans des crises politiques ou de collaborer avec des acteurs étrangers pour influencer les dynamiques locales. En avril 2021, Acted avait déjà été suspendue temporairement dans la région de Diffa au Niger, en raison de soupçons de connexions douteuses et subversives, selon les autorités de l'époque.
Cette méfiance grandissante envers les ONG internationales au Niger et ailleurs en Afrique témoigne d'un désir accru des gouvernements africains de contrôler leur propre développement et de réduire les influences extérieures jugées inappropriées. Pour les autorités de transition nigériennes, cette suspension semble faire écho à une volonté de refaçonner les relations avec les acteurs étrangers en s'assurant qu’ils respectent les nouvelles orientations du pays.
La situation met en lumière les tensions entre les besoins humanitaires urgents et la souveraineté nationale, un équilibre délicat qui reflète le climat de défiance actuel envers les ONG internationales en Afrique.
Jeremy Ahossou