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Guinea-Bissau - Une mission CEDEAO-UNOWAS quitte manu militari la Guinée-Bissau

last updated: Sunday, March 2, 2025 8:38 PM
Source: Nouvelle Afrique

Ambassadeur Bagudu Hirse, Chef de la Mission de la CEDEAO et de l'UNOWAS

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) traverse une période de turbulences après l'expulsion manu militari de sa mission politique en Guinée-Bissau. Conduite par l'Ambassadeur Bagudu Hirse, la délégation de haut niveau de la CEDEAO et de l'UNOWAS (Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel) a quitté Bissau au petit matin du 1er mars, sous la pression du président Umaro Sissoco Embalo.

Sur instruction de la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement de la CEDEAO, le Président de la Commission de l'organisation régionale, S.E. Dr Omar Alieu Touray, avait déployé une mission politique de haut niveau en Guinée-Bissau du 21 au 28 février 2025. L'objectif était de soutenir les efforts de dialogue entre les acteurs politiques du pays afin d'élaborer une feuille de route consensuelle pour la tenue d'élections inclusives et pacifiques cette année.

Durant leur séjour, les représentants de la CEDEAO et de l'UNOWAS ont multiplié les consultations avec les différents acteurs politiques, les autorités électorales et la société civile. "Nous avons écouté toutes les parties et constaté un réel engagement en faveur du dialogue," a déclaré un membre de la mission sous couvert d'anonymat.

 

Un brusque revirement de situation

Alors que la mission finalisait un projet d'accord pour encadrer le processus électoral, la tension est brusquement montée avec les autorités. Le Président Umaro Sissoco Embalo aurait jugé l'ingérence de la CEDEAO excessive et a sommé la délégation de quitter le pays sans délai. "Nous ne permettrons à personne de nous dicter notre conduite. La Guinée-Bissau est souveraine et prendra ses décisions seule," aurait déclaré le chef de l'État lors d'une audience privée.

Devant ces menaces explicites, la mission n'a eu d'autre choix que de quitter précipitamment le territoire bissau-guinéen. "C'est une situation sans précédent. Nous avons été contraints de partir sans pouvoir mener à bien notre mission," confie un diplomate ouest-africain.

 

Vers une implosion de la CEDEAO ?

Cet incident marque un nouveau coup dur pour la CEDEAO, déjà affaiblie par les tensions internes et la fronde de certains de ses membres. Après les départs fracassants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, l'organisation régionale semble plus que jamais sur la corde raide. "Si la CEDEAO perd son autorité et son rôle de médiateur, elle risque l'implosion," prévient un analyste politique de la sous-région.

Dans l'immédiat, la mission politique doit présenter son rapport à la Commission de la CEDEAO, qui devra décider de la marche à suivre. En attendant, l'organisation appelle toutes les parties prenantes bissau-guinéennes à "rester calmes et à maintenir la paix et la tranquillité dans le pays."

Mais la question demeure : la CEDEAO a-t-elle encore les moyens d'assurer son rôle de stabilisateur dans une Afrique de l'Ouest en pleine recomposition géopolitique ?

Cyril DAKPITI


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