La Confédération des États du Sahel (AES) a franchi un tournant majeur dans sa politique de souveraineté. Dans un communiqué conjoint publié ce lundi 22 septembre 2025, le Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, Chef de l’État de la République du Mali et Président de la Confédération AES, a annoncé officiellement « le retrait » du Mali, du Burkina Faso et du Niger « du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale ».
Les trois États sahéliens rappellent qu’ils avaient souverainement ratifié le Statut de Rome, respectivement le 16 avril 2004 pour le Burkina Faso, le 16 août 2000 pour le Mali et le 11 avril 2002 pour le Niger. Depuis lors, précisent-ils, ils ont coopéré avec la CPI « non seulement sur le fondement des dispositions pertinentes du Statut, mais également sur la base des accords et protocoles d’accord concernant les conditions d’installation et de travail de la CPI sur leurs territoires ».
Cependant, les gouvernements de l’AES estiment que l’institution judiciaire internationale a dévié de sa mission initiale. « À l’épreuve du temps, il leur a été donné de constater que cette juridiction s’est transformée en instrument de répression néocolonial aux mains de l’impérialisme, devenant ainsi l’exemple mondial d’une Justice sélective », souligne le communiqué.
Les autorités reprochent à la CPI son incapacité à juger des crimes graves. « En effet, la CPI s’est montrée incapable de prendre en charge et de juger des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés », affirment-elles, dénonçant en même temps son « mutisme inexplicable, déroutant et complaisant » vis-à-vis de certains auteurs, tout en « s’acharnant contre certains acteurs ne relevant pas du cercle fermé des bénéficiaires de l’impunité internationale institutionnalisée ».
Face à ce constat, l’AES a décidé de rompre avec l’institution basée à La Haye. « Les Gouvernements du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, formant la Confédération des États du Sahel (AES), portent à la connaissance de l’opinion publique confédérale et de la communauté internationale, leur décision souveraine de se retirer du Statut de Rome de la Cour pénale internationale avec effet immédiat », peut-on lire.
Cette décision est présentée comme un acte d’affirmation de souveraineté. « Les États membres de l’AES décident de recourir à des mécanismes endogènes pour la consolidation de la paix et de la Justice tout en réaffirmant leur volonté d’assurer la promotion et la protection des droits de l’Homme en adéquation avec leurs valeurs sociétales et de lutter contre toute forme d’impunité », précise encore le communiqué.
Enfin, tout en réitérant leur engagement à respecter les droits humains, les États de l’AES ont tenu à remercier la communauté internationale : « Les États de la Confédération AES, tout en exprimant leur gratitude à l’Organisation des Nations Unies et aux États membres, rassurent de leur engagement à continuer à coopérer dans d’autres cadres appropriés à la promotion et à la protection des droits de l’Homme et au respect de la souveraineté des États. »
Cyril DAKPITI