La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) du Togo tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme concernant la situation des prisons du pays. Selon son président, Me Kwao Ohini Sanvee, plus de la moitié des détenus sont incarcérés sans avoir été jugés, une réalité révélée par une inspection menée en 2022 dans onze établissements pénitentiaires. Le taux de détention préventive prolongée y atteignait 52,48 %, traduisant une dérive inquiétante de la justice togolaise.

Ce recours systématique à la détention provisoire, censée être exceptionnelle, va à l’encontre des normes internationales. En théorie, elle ne devrait être appliquée que dans des cas bien précis, notamment lorsqu’il existe un risque de fuite ou d’obstruction à la justice. Pourtant, au Togo, les délais légaux sont régulièrement bafoués, ce qui conduit à des incarcérations prolongées sans jugement, parfois durant plusieurs années. Cette situation compromet gravement le droit à un procès équitable, déplore la CNDH.

Face à cette problématique, l’institution a initié une mission nationale réunissant magistrats, policiers, juristes et membres de la société civile, afin de proposer des solutions durables. L’objectif est de réformer en profondeur le système judiciaire pour en faire un instrument plus équitable, transparent et respectueux des droits humains. La CNDH espère ainsi endiguer la surpopulation carcérale et restaurer la confiance des citoyens dans la justice togolaise.

Jeremy Ahossou