Le rapport sur le rôle de la France dans la répression des mouvements indépendantistes camerounais a été officiellement présenté ce mardi à Yaoundé au président Paul Biya. Fruit d’un travail entamé en mars 2023 par une commission mixte composée d’historiens camerounais et français sous la direction de Karine Ramondy, ce document de plus de 1000 pages s’inscrit dans la politique mémorielle initiée par Emmanuel Macron.
L’étude couvre la période 1945-1971 et formule des recommandations, dans le but de revisiter des « responsabilités refoulées », selon les mots du président français.
Toutefois, des doutes subsistent du côté camerounais. Pour Anicet Ekane, du parti Manidem, cette initiative pourrait permettre à la France de se disculper de son passé colonial. De leur côté, certains universitaires, comme Mathias Eric Owona Nguini et Thomas Atenga, s’interrogent sur les implications historiques et politiques de ce travail, notamment sur les rôles respectifs de la France et des dirigeants camerounais de l’époque.
Malgré cette démarche de réhabilitation historique, des figures comme Ruben Um Nyobe, Félix Moumié et Ernest Ouandié, acteurs majeurs des luttes indépendantistes, restent absentes des commémorations officielles au Cameroun. Ce rapport pourrait relancer le débat sur la reconnaissance de ces héros nationaux et la mémoire collective du pays.
Jeremy Ahossou