Le correspondant de RFI, Olivier Monodji, a été interpellé la semaine dernière avant d’être inculpé pour intelligence avec une puissance étrangère. Son arrestation fait suite à une publication dans son journal L’hebdomadaire Le Pays. Après son audition par le Procureur de la République, les accusations ont été précisées : il lui est reproché d’avoir fourni, avec trois autres personnes, des informations sur la sécurité et l’économie du pays. Le procureur a annoncé détenir des documents attestant de ces faits, sans révéler l’identité du pays étranger concerné.
Le Procureur Oumar Mahamat Kedelaye a affirmé que les charges pesant sur les accusés sont graves. « Il a été constaté que les faits qui leur sont reprochés sont constitutifs d’infractions : intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Tchad, complot contre l'État et complicité », a-t-il déclaré à Alwihda Infos. À la suite de cette déclaration, le doyen des juges d’instruction a inculpé Olivier Monodji et ses coaccusés pour atteinte à la sécurité du territoire, une infraction passible de 20 à 30 ans de prison.
L’un des avocats du journaliste, Me Amos Allahta, dénonce un dossier sans fondement. Il affirme que les seules preuves présentées sont des coupures de presse, et que les articles publiés sur Le Pays avaient un caractère public. « En attendant qu'ils nous disent le degré d'implication de notre client, nous lui avons rappelé [au doyen des juges] que la police judiciaire ne lui a présenté que des publications reconnues et accessibles à tous », a-t-il déclaré. L’affaire suscite une vive réaction dans les milieux de la presse et des droits de l’homme.
Jeremy Ahossou