La séparation officielle du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO marque un tournant décisif pour l’Afrique de l’Ouest. La descente de leurs drapeaux symbolise la fin d’un processus engagé depuis un an, conformément aux dispositions du Traité révisé de l’organisation. Désormais, la CEDEAO se retrouve réduite à 12 membres, répartis entre pays anglophones, francophones et lusophones, ce qui redessine le paysage de l’intégration régionale.
Créée en 1975 avec l’ambition de renforcer la coopération économique et politique, la CEDEAO a longtemps été perçue comme un outil d’unité régionale. Pourtant, son mode de gouvernance et ses décisions, notamment les sanctions contre les régimes militaires du Sahel, ont conduit à un sentiment d’exclusion chez certains membres. Le départ de l’AES traduit un rejet de l’influence jugée trop pesante de l’organisation, au profit d’une autonomie stratégique et politique.
Ce retrait interroge sur l’avenir de la coopération sous-régionale. D’un côté, la CEDEAO doit réinventer son rôle pour éviter d’autres départs et préserver son efficacité. De l’autre, les États de l’AES devront prouver que leur rupture n’entraîne pas un isolement économique et diplomatique préjudiciable. L’option d’une nouvelle alliance sous-régionale, plus adaptée à leurs aspirations, reste une possibilité.
Cette scission pose un défi à l’Afrique de l’Ouest : faut-il maintenir une intégration imposée ou repenser les bases d’une coopération plus équilibrée ? La réponse dépendra de la capacité des acteurs régionaux à privilégier le dialogue et à éviter un éclatement aux conséquences imprévisibles.
Jeremy Ahossou