En République démocratique du Congo, l’ancien président Joseph Kabila est dans la tourmente judiciaire. Jugé par contumace à Kinshasa, il est accusé de trahison, complot, crimes de guerre et participation à un mouvement insurrectionnel en lien avec la rébellion M23/AFC, soutenue par le Rwanda. Le ministère public a requis contre lui la peine de mort ainsi qu’une peine de prison pour certains chefs d’accusation.
Selon le procureur militaire Lucien-René Likulia, les preuves de la collaboration de l’ex-chef de l’État avec les rebelles seraient nombreuses. Il cite notamment des déclarations attribuées à Kabila dans la presse étrangère, où il aurait présenté le M23 comme porteur des aspirations du peuple congolais. Il évoque aussi ses déplacements par le Rwanda pour rejoindre Goma, ainsi que des témoignages d’acteurs politiques et de condamnés.
Pour les parties civiles, représentées par Me Richard Bondo, l’affaire ne laisse aucune place au doute. « Les preuves sont là, Kabila est condamnable sur tous les plans », a affirmé l’avocat, estimant que l’ancien président doit être tenu responsable de l’ensemble des crimes attribués au mouvement rebelle. Les proches de Kabila, eux, dénoncent un « procès politique » visant à effacer son héritage.
Le verdict des juges est attendu dans les prochaines semaines. Cette affaire, qui suscite de vives réactions au sein de la classe politique congolaise, pourrait marquer un tournant dans l’histoire judiciaire du pays, en mettant en cause pour la première fois un ancien président pour complicité avec une rébellion armée.
Jeremy Ahossou