La Guinée-Bissau traverse une nouvelle secousse politique après le renversement du président Umaro Sissoco Embaló par l’armée. Trois jours à peine après les élections présidentielle et législatives, les forces armées ont suspendu le processus électoral, pris le contrôle des institutions et instauré un climat de forte tension dans la capitale, où rues désertes et dispositifs militaires renforcés témoignent de la gravité de la situation.
Jeudi matin, le général Horta N’Tam a annoncé avoir été investi à la tête du Haut commandement, devenant ainsi le nouveau président de la transition militaire. Sous haute sécurité, il a prêté serment au siège de l’état-major, tandis que son entourage confirmait la réouverture immédiate des frontières, initialement fermées après le putsch. Malgré cette mesure, la vie quotidienne à Bissau demeure largement paralysée.
La Cédéao a rapidement réagi, condamnant « sans équivoque » la prise de pouvoir militaire qu’elle considère comme une menace pour la stabilité régionale. Son président en exercice, Julius Maada Bio, a assuré être prêt à engager toutes les actions nécessaires pour un retour à l’ordre constitutionnel. Parallèlement, la communauté internationale exprime son inquiétude, à l’image de l’ONU qui appelle à la retenue et au respect de l’État de droit.
Le président Embaló, arrêté mercredi, ainsi que l’opposant Domingos Simões Pereira, ont été placés en détention, ravivant les divisions internes d’un pays fréquemment confronté aux coups d’État depuis 1974. Dans un contexte où incertitude politique et appréhension dominent, la Guinée-Bissau s’enfonce une nouvelle fois dans une crise dont l’issue demeure imprévisible.
Jeremy Ahossou