Près de six mois après son arrestation en juin dernier et les sévices qu’il dit avoir subis, l’artiste togolais Aamron est finalement sorti du silence avec un message centré sur la paix intérieure. Il affirme avoir surmonté l’épreuve tant psychologique que physique, et dit avoir choisi de pardonner à ceux qu’il accuse de l’avoir torturé. Pour lui, cette démarche personnelle marque un tournant essentiel dans sa reconstruction et ouvre la voie à un appel national au pardon.

Dans son intervention, Aamron explique avoir mené un profond travail intérieur pour se libérer de la colère et de la rancœur. Il estime que les difficultés du Togo sont aussi spirituelles, mais ne peuvent être résolues ni par des libations ni par des messes. Il évoque même le cas d’un de ses bourreaux présumés, affirmant avoir fait la paix avec lui « par compréhension de l’ignorance humaine », une position qui tranche avec les logiques habituelles de confrontation.

L’artiste insiste sur la nécessité pour tous les Togolais, gouvernants comme gouvernés, de reconnaître leurs imperfections et de s’engager dans une transformation personnelle. Selon lui, le véritable changement débute dans le cœur de chacun, par l’abandon des sentiments toxiques et la volonté constante de devenir une meilleure version de soi. Cette réflexion, dit-il, doit servir de base à une réconciliation authentique.

Tout en rappelant qu’il souhaite voir la justice faire son travail, Aamron affirme vouloir rester aligné avec ses convictions spirituelles et sa quête de bienveillance. Il conclut que lorsque certaines réalités ne peuvent pas être changées immédiatement, « l’intelligence consiste à savoir composer avec ». Un message fort, qui s’inscrit dans un climat national où l’appel à la paix et à la cohésion demeure plus que jamais d’actualité.

Jeremy Ahossou