Au Sénégal, un désaccord ouvert oppose désormais le président Bassirou Diomaye Faye à son Premier ministre Ousmane Sonko. Le conflit a éclaté après la décision du chef de l’État de remplacer Aïssatou Mbodj, dirigeante de la coalition « Diomaye Président », par Aminata Touré, sa conseillère spéciale et ancienne coordinatrice de campagne. Ce choix présidentiel, perçu comme une mise à l’écart des proches de Sonko, a été interprété comme un signe clair de reprise en main politique par le chef de l’État.

Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui s’était fermement opposé à tout changement à la tête de la coalition, a immédiatement réagi à travers son parti, le Pastef. Dans un communiqué, le bureau politique du mouvement a contesté la légitimité du président à opérer cette nomination, estimant que Bassirou Diomaye Faye « n’a pas le pouvoir de démettre » la précédente dirigeante. Le parti a également rejeté la candidature d’Aminata Touré, affirmant ne pas partager « les mêmes valeurs ni les mêmes principes » que cette dernière.

L’absence remarquée d’Ousmane Sonko au Conseil des ministres du 12 novembre a alimenté les spéculations sur une rupture institutionnelle imminente. Officiellement en congé, le Premier ministre a toutefois pris part à d’autres activités publiques, signe d’une tension palpable entre les deux pôles du pouvoir exécutif. Pour de nombreux observateurs, cette crise met en lumière une lutte d’influence autour de la direction politique du pays et du leadership au sein de la majorité.

Les conséquences de ce bras de fer dépassent désormais le cadre politique. Sur les marchés financiers, la situation a déjà provoqué une baisse de la valeur des eurobonds sénégalais, reflet des inquiétudes des investisseurs. Si aucun compromis n’est trouvé, préviennent plusieurs analystes, « chaque ministre sera bientôt contraint de choisir son camp », faisant planer le spectre d’une instabilité politique et institutionnelle durable au sommet de l’État sénégalais.

Jeremy Ahossou