L’ancien Premier ministre tchadien Succès Masra fait désormais face à de nouvelles accusations beaucoup plus lourdes. Le mercredi 30 juillet, la chambre d’accusation a requalifié les charges initiales, abandonnant l’« incitation à la révolte et à la haine » au profit d’« assassinat », « diffusion de messages racistes et xénophobes » et « association de malfaiteurs ». Le dossier a également été joint à celui de 27 personnes inculpées dans le massacre de Mandakao.
L’audience a rapidement tourné à la confusion. Les avocats de Masra ont quitté la salle en signe de protestation, estimant qu’il leur était impossible de plaider sur un dossier qu’ils n’avaient pas eu le temps d’examiner. Sitack Yambatina Beni, vice-président des Transformateurs, s’est interrogé sur la légitimité de cette procédure : « Le procureur général a pris ses fonctions vendredi et n’est même pas à Ndjamena, comment cette audience a-t-elle pu avoir lieu ? »
Maître Saïd Larrifou, membre de la défense, a vivement critiqué cette requalification, parlant d’une « poursuite arbitraire prononcée à l’avance dans les couloirs du pouvoir ». Selon lui, cette démarche n’a « aucun fondement juridique » et vise avant tout à museler un opposant politique majeur.
Face à ces accusations, le gouvernement a réagi avec fermeté. Gassim Cherif, ministre de la Communication, a condamné les propos de la défense qu’il juge « irresponsables et inexcusables ». Il a insisté sur le fait que la justice tchadienne « reste indépendante de toute ingérence politique » et a accusé l’avocat de « jeter l’opprobre » sur les institutions judiciaires du pays.
Jeremy Ahossou