Au Maroc, la justice s’intéresse à un nombre sans précédent de parlementaires. Depuis 2021, 30 députés, issus aussi bien de la majorité que de l’opposition, sont poursuivis ou condamnés pour corruption, détournement de fonds, abus de pouvoir ou autres délits financiers. Cette situation, inédite dans l’histoire parlementaire du pays, alimente les critiques sur les réseaux sociaux et relance le débat sur l’intégrité des élus.
Le cas le plus récent est celui de Mohamed Karimine, député-maire de Bouznika et membre du parti de l’Istiqlal, condamné fin juillet à sept ans de prison pour dilapidation de deniers publics. Le parti au pouvoir, le Rassemblement national des indépendants (RNI) du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, détient le triste record avec huit députés impliqués, dont Mohamed Boudrika, condamné à cinq ans de prison, et Rachid El Fayek, poursuivi pour traite d’êtres humains et viol.
L’opposition n’est pas épargnée, avec quatorze élus concernés, issus notamment de l’Union socialiste des forces populaires et de l’Union constitutionnelle. Le Parti Authenticité et Modernité compte également plusieurs députés poursuivis, parmi eux Saïd Naciri, impliqué dans l’affaire du « Pablo Escobar du Sahara ». Ces affaires touchent l’ensemble de l’échiquier politique, ternissant l’image de l’institution parlementaire.
Plusieurs rapports avaient pourtant mis en garde avant les élections de 2021 contre la candidature de personnalités au passé judiciaire douteux. Cette série de poursuites selon certains internautes témoigne d’une justice qui se montre enfin déterminée à agir. Des organisations de défense des deniers publics appellent à maintenir, voire à renforcer, cette lutte pour assainir la vie politique marocaine.
Jeremy Ahossou