La Guinée a surpris le monde africain le mardi dernier en annonçant son intention de se retirer de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Cette décision majeure a été justifiée par des frustrations concernant le manque de prise en compte de leurs intérêts stratégiques par l'organisation régionale, le manque de représentation du pays dans les instances de décision de l'OMVS et des problèmes persistants liés au projet hydroélectrique de Koukoutamba.

Créée en 1972, l'OMVS est une organisation régionale qui regroupe quatre pays, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Guinée. Elle a pour objectif la gestion commune du bassin du fleuve Sénégal, un élément naturel essentiel pour ces pays. L'organisation a pour mandat de promouvoir la coopération entre ses États membres, de coordonner les efforts pour le développement du bassin du fleuve, de garantir la sécurité alimentaire et d'assurer l'équitable distribution des ressources en eau.

La Guinée a exprimé son mécontentement concernant le manque de représentation dans les instances de décision de l'OMVS, soulignant que les intérêts de la nation n'ont pas été suffisamment pris en compte. C'est un reproche qui met en évidence les limites de la gouvernance partagée et pose des questions sur l'équilibre des pouvoirs au sein de l'organisation.

Le projet hydroélectrique de Koukoutamba a également été un facteur déterminant dans la décision de la Guinée. Ce projet, très controversé, vise à construire un barrage sur le fleuve Sénégal. Les défenseurs du projet soutiennent qu'il améliorera l'accès à l'électricité et stimulera l'économie, tandis que les détracteurs soulignent ses effets environnementaux et sociaux potentiellement désastreux.

Le retrait de la Guinée de l'OMVS pourrait avoir des conséquences majeures pour le pays. D'une part, la Guinée pourrait perdre l'accès aux ressources techniques et financières de l'organisation. D'autre part, elle risque de s'isoler davantage sur la scène régionale, ce qui pourrait entraîner une diminution de son influence sur les questions relatives à la gestion de l'eau.

Toutefois, il est possible que la Guinée cherche à renégocier sa position au sein de l'OMVS ou à obtenir des garanties plus solides concernant le projet de Koukoutamba. Quoi qu'il en soit, cette décision marque un tournant important pour l'organisation et soulève des questions fondamentales sur son avenir.

Dans tous les cas, il sera crucial pour la Guinée de renforcer ses capacités de gestion des ressources en eau, que ce soit dans le cadre de l'OMVS ou en dehors de cette structure. Le pays devra également s'assurer que ses intérêts sont dûment pris en compte dans les décisions régionales, tout en prenant soin de ne pas s'isoler davantage.

La décision de la Guinée de se retirer de l'OMVS met en lumière les défis auxquels sont confrontées les organisations régionales en Afrique. Il s'agit d'un rappel que ces structures doivent être en mesure de répondre aux besoins et aux intérêts de tous leurs membres pour maintenir leur légitimité et leur efficacité.