Le Cameroun continue d’être dirigé par une classe politique et militaire vieillissante, laissant peu de place à la relève. Cette réalité est particulièrement illustrée par la longévité au pouvoir du président Paul Biya et de son proche collaborateur, le général René Claude Meka, chef d'État-major des forces armées camerounaises. Ces figures emblématiques symbolisent une résistance au changement qui freine l’évolution du pays.
À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, envisage de briguer un nouveau mandat cette année. Malgré son âge avancé et sa condition physique fragile, le président semble déterminé à rester aux commandes. Cette obstination interpelle dans un contexte où la jeunesse camerounaise est largement écartée des postes décisionnels. Les critiques pointent un système verrouillé qui empêche l’émergence de nouvelles idées et d’un leadership plus dynamique.
Le cas du général René Claude Meka, âgé de 85 ans, illustre également cette problématique. Nommé chef d'État-major en 2001, il occupe cette fonction stratégique depuis 24 ans. Fidèle parmi les fidèles de Paul Biya, il incarne cette génération de dirigeants qui semble peu encline à passer le flambeau. Ce maintien prolongé à des postes-clés soulève des questions sur l’avenir des forces armées et leur capacité à s’adapter aux défis contemporains.
Cette concentration de pouvoir entre les mains de dirigeants âgés va bien au-delà de la présidence et de l'armée. D’autres institutions stratégiques, comme le Conseil constitutionnel, sont également dominées par des personnalités vieillissantes. Cette situation prive le pays d’une gestion innovante et d’une vision modernisée, indispensable pour exploiter pleinement ses ressources et ses potentialités.
Le Cameroun, riche en atouts naturels et humains, mérite une gouvernance tournée vers l’avenir. Les acteurs politiques et militaires actuels devraient réfléchir à l’héritage qu’ils souhaitent laisser. Favoriser la montée de nouvelles générations, c'est investir dans la pérennité et le progrès du pays. Le changement, s’il tarde, reste cependant une aspiration pressante pour une majorité de Camerounais.
Jeremy Ahossou