Crime & Justice


Mali - Procès « Paramount » : Colonel-Major Abdoul Wahab Touré livre sa part de vérité devant la Cour

last updated: Wednesday, December 31, 2025 5:41 PM
Source: Nouvelle Afrique

Avion militaire Super Tucano ( Image d'illustration)

Le procès du contrat conclu en 2015 entre l’État malien et Paramount Group, officiellement inscrit sous l’intitulé Ministère public contre Boubou Cissé et co-accusés, se sont poursuivies ce mardi 30 et mercredi 31 décembre 2025 devant la Chambre criminelle spécialisée en matière économique et financière du Pôle national économique et financier de Bamako. 

À la barre, le Colonel-Major Abdoul Wahab Touré, ancien Directeur administratif et financier (DAF) du ministère de la Défense et des Anciens combattants, a longuement livré sa part de vérité devant les juges en charge du dossier.

Visiblement affecté, l’ancien DAF a exprimé sa peine face à ce qu’il qualifie de « non-satisfaction des besoins » du ministère, malgré les concessions obtenues à l’issue des négociations avec la société contractante. Il a notamment rappelé le renoncement aux pénalités de 15 % et le maintien de l’indexation, sans que cela ne permette pour autant de répondre pleinement aux attentes des Forces armées maliennes (FAMa).

Le Colonel-Major Touré a tenu à préciser que « l’avenant n’a pas évité les pénalités exigées dans le contrat », soulignant que l’État du Mali n’avait pas pu honorer, dans les délais, ses engagements relatifs au paiement de deux échéances. Pour lui, cependant, la démarche était justifiée : « L’avenant était opportun pour doter les FAMa de matériels opérationnels », a-t-il martelé, répondant aux questions de Me Tidiane Diallo.

Devant la Cour, l’ancien DAF a également dénoncé l’absence de consultation préalable par l’auteur du rapport ayant servi à les incriminer. Il affirme n’avoir jamais été sollicité pour un « avis contradictoire », alors même que la Direction administrative et financière du ministère avait fait l’objet de deux audits successifs par les services de contrôle de l’État. « Si l’auteur du rapport m’avait consulté, je lui donnerais des conseils sur les structures sur lesquelles il devait s’appuyer », a-t-il regretté.

Dans le souci de la manifestation de la vérité, la défense a alors demandé à la Cour que le rapport des deux audits évoqué par le Colonel-Major Touré soit versé au dossier. Selon l’un des conseils des accusés, « ces rapports ont une valeur juridique en raison de l’obligation qu’impose la loi ».

Cette demande a donné lieu à des débats houleux entre la partie défense, le ministère public et la partie civile. Pour l’un des avocats de la défense, « pour que les accusés aient le sentiment d’être bien jugés, personne ne devait s’opposer à la production de la pièce. Cette demande relève du bon sens ». En face, le ministère public et la partie civile ont estimé que « demander le rapport de contrôle de l’État est inopportun ici ».

De son côté, Me Mountaga Tall a soutenu que dès lors qu’il est fait référence à ces audits, il n’y a pas de raison de ne pas les fournir et de les verser au dossier. « Ce n’est la propriété de personne », a-t-il insisté, invitant le président de la Cour à user de son pouvoir discrétionnaire.

Le président de la Cour a finalement rassuré les parties que la requête de la défense a bien été enregistrée. « Nous allons y répondre au moment opportun », a-t-il déclaré, renvoyant ainsi la décision à une étape ultérieure de la procédure.

Faut-il le rappeler, au cœur du procès la fourniture d’équipements militaires notamment 6 avions Super Tocano, des maraudeurs blindés, des lunettes de visions nocturnes, des équipements de vol pilote, des lances roquette. 

C. D.


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