Le Togo vient de vivre une élection locale qui, tout en confirmant l’hégémonie de l’Union pour la République (UNIR), laisse entrevoir de nouvelles dynamiques. Avec 1 150 sièges sur 1 527, le parti présidentiel renforce son implantation territoriale et poursuit sa logique de centralisation du pouvoir. Mais cette domination écrasante révèle aussi, en creux, un système politique en perte de diversité, où les oppositions traditionnelles peinent à exister.
Le recul de l’opposition historique est frappant. L’ANC de Jean-Pierre Fabre, qui ambitionnait une remontée significative, doit se contenter de 51 sièges, tandis que l’UFC, désormais marginalisée depuis son alliance avec le pouvoir, s’en sort avec seulement 38 élus. Dans ce contexte, la percée de formations moins attendues redessine partiellement les lignes. C’est le cas de l’ADDI, qui, avec 34 sièges, s’impose comme une opposition structurée, mais aussi du regroupement indépendant TOVIA, mené par Joseph Gomado, qui obtient 24 sièges dès sa première participation.
L’apparition de TOVIA marque un tournant. Issu du système mais en rupture avec les partis installés, ce mouvement indépendant capte une partie de l’électorat lassée des clivages anciens. Sa progression, notamment en milieu urbain, signale une attente de renouvellement, en particulier chez les jeunes. Face à une opposition classique en perte d’élan, ces nouvelles voix pourraient incarner un contrepoids à long terme si elles parviennent à se structurer durablement.
Pour l’instant, les résultats publiés restent provisoires et sont en attente de validation par la Cour suprême, qui devra trancher d’éventuelles contestations. Mais au-delà des chiffres, c’est un paysage politique qui se cherche un second souffle. Si la majorité présidentielle consolide sa force, les électeurs semblent aussi tester de nouveaux chemins. Une recomposition lente, mais perceptible, pourrait s’amorcer à travers ces signaux faibles.
Jeremy Ahossou