Dans une interview exclusive accordée au Point Afrique, le ministre de la Fonction publique et du dialogue social, Gilbert Bawara, a pris la défense du gouvernement togolais face aux critiques sur la gestion des récentes manifestations. Revenant sur les violences des 5 et 6 juin puis des 26 au 28 juin, il déclare : « Il s’agissait d’une opération de manipulation à grande échelle, orchestrée depuis l’extérieur par des cyberactivistes et des artistes en connivence avec certaines personnalités de la diaspora ». Il affirme que les forces de sécurité ont agi en réponse à des « velléités insurrectionnelles » et à des tentatives de « créer le chaos pour déstabiliser le pays ».
Gilbert Bawara reconnaît que des pertes humaines ont eu lieu, mais précise que « seuls cinq décès ont été confirmés par le gouvernement, dont certains corps repêchés dans la lagune de Lomé ». Il insiste sur le fait que les autres cas évoqués n’ont à ce jour « aucun élément concret permettant de les confirmer ». À ceux qui parlent de répression, il répond : « Les forces de sécurité n’ont pas agi contre des manifestants pacifiques, mais contre des attroupements violents », tout en rappelant que le pays reste soumis à « un devoir de préserver l’ordre public dans un contexte régional marqué par le terrorisme ».
Interrogé sur l’affaire Aamron, le rappeur resté introuvable durant près d’un mois, Gilbert Bawara réfute la thèse d’une disparition : « Il y a eu interpellation, pas disparition. Ses proches ont toujours eu accès à lui ». Concernant les conditions controversées de son arrestation et de son internement psychiatrique, il dit ne pas en connaître les détails, mais avertit : « Lorsqu’on pose des actes, il faut en assumer les conséquences, même lorsqu’on est artiste ».
Au sujet de la réforme constitutionnelle de 2024, qui a instauré un régime parlementaire permettant à Faure Gnassingbé de conserver les rênes du pouvoir, Bawara explique : « Il ne sert à rien de s’enfermer dans des combats d’arrière-garde. La nouvelle Constitution offre un cadre de gouvernance plus participatif et stable ». Il insiste sur le fait que cette transition permettra de mieux répondre aux attentes économiques et sociales du pays.
Enfin, alors que des voix s’élèvent pour dénoncer l’absence de réaction publique du président Faure Gnassingbé, Bawara défend une gouvernance plus collective : « Le président du Conseil agit au quotidien. Il n’a pas besoin d’un affichage médiatique intempestif ». Tout en admettant que certains citoyens puissent ne pas comprendre les fondements de cette réforme, il assure : « Le Togo avance, malgré les crises, et les prochaines années seront dédiées au développement ».
Jeremy Ahossou