En Guinée-Bissau, la Commission électorale nationale a annoncé qu’elle ne publiera pas les résultats de la présidentielle et des législatives, affirmant que l’armée a confisqué les procès-verbaux ainsi que le matériel informatique indispensable. Cette déclaration intervient moins d’une semaine après la prise de pouvoir par les militaires, qui ont suspendu tout le processus électoral. Selon la Céni, les perturbations créées à une étape clé rendent désormais impossible la reprise ou l’achèvement des opérations.

Cette rare prise de parole intervient alors que son président, Npabi Cabi, vient d’être libéré après cinq jours de détention. Apparent fatigué, il n’a répondu à aucune question de la presse, ce qui alimente les soupçons de pressions exercées par la junte. La Céni affirme avoir expliqué la situation à la délégation de la Cédéao, qui, aux côtés de l’opposition et de la société civile, avait réclamé la publication des résultats lors de sa visite à Bissau.

L’opposition rejette fermement la version de la Céni, estimant que les procès-verbaux existent toujours puisque chaque représentant de candidat en possède une copie. Des figures politiques, comme Muniro Conte du PAIGC ou Fernando Dias — qui revendique la victoire depuis l’ambassade du Nigeria — soutiennent que les données sont sauvegardées et que la compilation reste possible. Selon eux, le refus de publier les résultats est le produit de « pressions » et non d’une impossibilité technique.

Jeremy Ahossou