Au Cameroun, la mort en détention de l’opposant Anicet Ekane continue de provoquer une vive émotion. Transféré à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé après son décès lundi matin, l’homme politique de 73 ans a laissé derrière lui une famille déterminée à comprendre les circonstances exactes de sa disparition. Ses proches ont refusé l’autopsie programmée par les autorités, dénonçant une procédure menée avec « précipitation » et sans concertation. Ils réclament désormais une expertise contradictoire réalisée par des médecins choisis par la famille, appuyés par des avocats du Barreau de Paris.

La disparition d’Anicet Ekane, arrêté le 24 octobre malgré un état de santé fragile, a rapidement suscité des réactions indignées dans la classe politique camerounaise. Le MRC a qualifié sa mort « d’exécution politique préméditée », accusant le secrétariat d’État à la Défense d’avoir ignoré sa situation médicale critique. D’autres figures de l’opposition, dont Issa Tchiroma Bakary, ont exprimé leur consternation, dénonçant un climat où « toute voix dissidente est traitée comme un danger ». Le parti UPC-Manidem a, de son côté, parlé de « crime d’État », affirmant que l’opposant avait été privé de soins essentiels.

Face à ces accusations, le gouvernement a assuré qu’Anicet Ekane avait bénéficié de l’assistance médicale nécessaire durant sa détention, tout en appelant au calme pour éviter toute « instrumentalisation ». Pour les organisations de défense des droits humains, la situation nécessite désormais une prise de parole officielle du président Paul Biya. Elles jugent indispensable qu’une lumière complète soit faite sur ce décès qui touche une figure politique respectée et engagée depuis des décennies.

Jeremy Ahossou