Un vif débat institutionnel s’est ouvert à Lomé après la déclaration de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), qui remet en cause la légalité du décret du 8 octobre 2025 portant nomination du gouvernement. Le parti de Jean-Pierre Fabre évoque une « confusion juridique sans précédent » et une « rupture de l’ordre constitutionnel », dénonçant l’absence d’une autorité clairement désignée par la Constitution du 6 mai 2024 pour nommer les membres du gouvernement. Selon l’ANC, cette omission créerait un « vide juridique » suffisant pour invalider la composition actuelle de l’exécutif.
Face à cette contestation, le gouvernement a rapidement réagi. Un haut responsable du pouvoir accuse l’ANC d’entretenir une polémique artificielle et de vouloir affaiblir les institutions sans proposer d’alternative constructive. Il rappelle que la Cinquième République repose sur une légalité incontestable, validée par des élections et l’installation de nouvelles institutions auxquelles l’ANC elle-même a participé. Contester aujourd’hui le gouvernement reviendrait, selon lui, à remettre en cause tout le processus institutionnel engagé depuis 2024.
Le camp gouvernemental s’appuie également sur l’article 50 de la Constitution, qui fait du président du Conseil le chef du gouvernement et président du Conseil des ministres. Pour les juristes proches du pouvoir, cette formulation implique naturellement son droit de former son équipe. Par conséquent, parler de « vide constitutionnel » serait une « construction polémique » visant à semer le doute sur les institutions. Le pouvoir va plus loin en accusant l’ANC de recourir à « des déclarations alarmistes, dénuées de fondement », susceptibles de fragiliser la cohésion nationale.
Au-delà du débat technique, cette confrontation révèle un fossé croissant entre opposition et pouvoir sur l’interprétation de la Cinquième République. Tandis que l’ANC dénonce une « confiscation de la souveraineté populaire », le gouvernement évoque une stratégie de manipulation politique.
Dans un contexte déjà marqué par des tensions institutionnelles, ce différend illustre surtout l’absence de consensus autour du nouveau système politique, transformant la réforme constitutionnelle en véritable terrain d’affrontement juridique et politique.
Jeremy Ahossou