À 92 ans, le président camerounais Paul Biya a prêté serment ce jeudi 6 novembre 2025 pour un huitième mandat à la tête du Cameroun. Le doyen des chefs d’État en exercice dans le monde a renouvelé son engagement à « être digne de la confiance du peuple » lors d’une cérémonie à l’Assemblée nationale de Yaoundé, en présence des députés et de plusieurs personnalités politiques, mais en l’absence de dirigeants étrangers. Réélu avec 53,66 % des voix, Paul Biya entame ainsi sa 44e année de pouvoir dans un climat politique tendu.

La victoire du président sortant reste contestée par son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, qui revendique également la victoire et appelle ses partisans à défendre leur choix. Depuis l’annonce officielle des résultats, plusieurs villes du Cameroun ont été le théâtre de manifestations dispersées par les forces de l’ordre, entraînant des pertes humaines selon le gouvernement, sans précision sur le bilan exact. Les appels à des opérations « villes mortes » ont été diversement suivis à travers le pays, notamment dans les fiefs de l’opposition.

Face à cette situation, le gouvernement a annoncé des poursuites judiciaires contre l’opposant, l’accusant d’incitation à l’insurrection. L’International Crisis Group (ICG) a mis en garde contre le risque d’une escalade des tensions dans un pays déjà fragilisé par la crise dans les régions anglophones. L’Union européenne, l’Union africaine et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme ont pour leur part condamné la répression et appelé à une enquête sur les violences post-électorales.

Jeremy Ahossou