En Ouganda, un bras de fer oppose la Cour suprême au président Yoweri Museveni sur la question du jugement des civils par des tribunaux militaires. Alors que la plus haute instance judiciaire du pays a déclaré cette pratique inconstitutionnelle, le chef de l'État conteste cette décision et envisage des modifications législatives, voire constitutionnelles, pour maintenir ce système. Il justifie cette position en affirmant que toute personne armée et représentant une menace pour la sécurité nationale doit être jugée par la justice militaire.
L'armée ougandaise a également exprimé son opposition à la décision de la Cour suprême. Son porte-parole, Chris Magezi, a déclaré que l'opposant Kizza Besigye, poursuivi pour trahison, ne serait pas libéré avant son jugement par la cour martiale. Il a précisé que cette juridiction continuerait à traiter les affaires liées aux complots contre le président, à la rébellion armée et aux actes de terrorisme. Cette déclaration renforce la position du pouvoir, qui refuse de transférer ces affaires aux juridictions civiles.
Les avocats de Kizza Besigye dénoncent une violation de l'État de droit et réclament la libération immédiate de leur client, conformément à la décision de la Cour suprême. L’un d’eux, Me Frederic Musisi, estime que ne pas appliquer ce jugement reviendrait à « renverser la Constitution ». Cette inquiétude est partagée par plusieurs responsables politiques, dont Medard Sseggona, qui qualifie la situation d’« effondrement de l’ordre constitutionnel ».
L’ancien député de l’opposition Michael Kabaziguruka, dont le recours a conduit à la décision de la Cour suprême, considère cette situation comme une preuve supplémentaire de la mainmise de l’armée sur l’autorité civile. Il dénonce une « défiance choquante » envers la justice et affirme que l'Ouganda est désormais dirigé comme un « État militaire ». La tension reste vive alors que Kizza Besigye doit comparaître à nouveau devant la cour martiale.
Jeremy Ahossou