Le Professeur Kako Nubukpo, économiste togolais de renom, tire la sonnette d’alarme sur l’urgence de nouvelles orientations pour le continent africain. Dans son ouvrage _« L’Afrique et le Reste du Monde : De la dépendance à la souveraineté », publié en octobre dernier, il décrit la croissance rapide de la jeunesse africaine comme une « bombe à retardement » pour les régimes politiques. Il exhorte les dirigeants à retenir les jeunes sur le continent en leur offrant des opportunités pour créer de la richesse et réduire le chômage qui gangrène les sociétés africaines.
L’auteur souligne l’échec des élites à répondre aux attentes de cette jeunesse, citant notamment les faiblesses du système éducatif. À l’Université de Lomé, par exemple, un ratio alarmant de 20 professeurs pour 20 000 étudiants illustre l’incapacité à garantir une formation de qualité. Ces lacunes conduisent à une déconnexion entre les formations universitaires et les besoins du marché de l’emploi, nourrissant frustration et chômage massif chez les jeunes diplômés.
Kako Nubukpo propose un « protectionnisme écologique » pour transformer localement les matières premières et générer des emplois. « Protéger les marchés permettra de garder les jeunes Africains en Afrique », insiste-t-il. Il critique également le système néolibéral qu’il qualifie d’inadapté et inefficace, en raison des monopoles dominants et de la mobilité limitée de la main-d’œuvre africaine face à un capital international mobile.
Il appelle à un juste échange économique et au multilatéralisme, tout en plaidant pour une véritable souveraineté africaine. Selon lui, sans une action immédiate, l’explosion démographique prévue d’ici 2050 risque d’ébranler les régimes politiques, déjà fragilisés par le manque d’emplois et l’absence de discours mobilisateurs adaptés à la jeunesse.
Jeremy Ahossou